Julien Vaïssette
Fanatique d'Excel, adepte de Camus & ingénieur en mécanique — Suivez-moi sur sur LinkedIn.
Avec la Eva Ribelle, Energica assume l’héritage centenaire des motos italiennes et assomme sa concurrence.
Tout au long de votre lecture, gardez en tête que mon adresse e-mail est publique, et que vous pouvez m’écrire à tout moment. La voici : julien@construire-sa-moto-electrique.org. Vous pouvez aussi me contacter directement sur LinkedIn.
Nous assistons en ce moment à une guerre brutale entre les constructeurs de motos électriques sportives. Parmi eux, l’italien Energica Motor ne retient pas ses coups. Son modèle Eva Ribelle 2020 en est la preuve : il ne semble exister que pour écraser la concurrence.
Sa meilleure arme ? Un moteur dont les caractéristiques font pâlir le plus sceptique de tous les sceptiques.
Mais il arrive souvent que les chiffres soient trompeurs.
Le problème, c’est qu’on parle ici d’une moto qui coûte plus de 20 000 €. Alors les gros chiffres qui ne servent qu’à exciter l’intérêt des journalistes, on n’en veut pas. Le glamour et les paillettes, on y souffle dessus : ce qu’on veut, c’est des infos techniques, des vraies.
C’est donc ce que je vous propose de faire dans cet article.
Et puisque je suis ingénieur, je vais utiliser les armes que j’ai en ma possession : l’analyse technique, la rétro-ingénierie, et la lecture des vrais chiffres dont on ne parle jamais.
Et croyez-moi, vous ne lirez nulle part ailleurs ce que vous allez lire ici.
Sommaire
Vous pourrez de cette manière obtenir toutes les réponses que vous cherchez dans cet article.
Pour autant, cet article n’est pas seulement le fruit de ma grandeur d’âme.
Car si j’analyse toutes les motos électriques du marché, c’est aussi pour savoir où positionner ma future marque de motos électriques. Et c’est seulement en connaissant les forces et les faiblesses de la concurrence que je pourrai répondre à un vrai besoin non comblé.
Maintenant que nous nous connaissons mieux, dirigeons nos regards vers la reine du bal : la Eva Ribelle 2020 d’Energica.
La conception d’une moto électrique commence inévitablement par la rédaction d’un cahier des charges.
Généralement, il se divise en 5 axes :
Les ingénieurs d’Energica ont donc reçu un cahier des charges formé de ces 5 axes, et ils ont été priés de le transformer en une moto électrique.
Lourde tâche pour eux. Mais nous le verrons rapidement, ils ont joué leur rôle avec un certain brio.
Pour autant, ça ne suffit pas pour produire une bonne moto électrique.
Car s’il faut effectivement répondre avec application au cahier des charges rédigé par l’équipe dirigeante d’Energica, il faut aussi que ce cahier des charges soit rédigé avec intelligence.
C’est donc par cet angle que je vous propose d’analyser la Eva Ribelle de 2020.
Et puisque nous avons du pain sur la planche, commençons immédiatement par l’analyse du premier axe du cahier des charges (et pas des moindres) : celui des performances.
Quand on évoque les performances d’une moto électrique, le premier réflexe est de se concentrer sur son groupe motopropulseur.
Pour rappel, le groupe motopropulseur d’une moto est constitué de tous les ensembles mécaniques qui participent à la propulsion. Sur une moto électrique, le groupe motopropulseur est donc constitué du moteur électrique, de la batterie et de la transmission.
Il est donc tout naturel de se concentrer d’abord sur lui, car c’est cet ensemble d’organes qui différencie majoritairement les motos électriques des motos thermiques.
Et puisqu’il faut bien commencer quelque part, commençons par son moteur.
Mais je tiens quand même à vous prévenir : avalez votre salive dès maintenant car vous risquez de vous étrangler à la lecture des prochaines lignes.
Le moteur qui équipe la Eva Ribelle d’Energica est un moteur DC à aimants permanents.
En termes moins techniques, le moteur de la belle italienne est un brushless.
Si cet anglicisme ne vous dit rien, ne vous faites pas de bile : il n’est en aucun cas nécessaire de comprendre le fonctionnement de cette technologie pour tirer le premier enseignement de cet article.
Comment un tel exploit est-il possible ?
Très simplement. Il suffit de savoir que 100% des motos électriques dont j’ai entendu parler de près ou de loin sont propulsées par des moteurs brushless. Et j’en ai vu passer quelques dizaines.
Si j’ajoute qu’il existe d’autres technologies de moteurs électriques parfaitement fonctionnelles, vous pouvez entrevoir l’exploit que représente un tel monopole. Nous verrons par la suite que j’aimerais qu’il en soit autrement.
Mais ce raz de marée n’est pas volé.
Car les moteurs brushless sont aujourd’hui les moteurs électriques qui présentent le meilleur compromis entre la densité de puissance et le prix. Et au moment de choisir la technologie de leur moteur, les ingénieurs de chez Energica ne se sont pas posé de questions métaphysiques.
La suite a alors été de dimensionner ce moteur.
S’ils ont été peu inventifs dans le choix de la technologie, ils l’ont été beaucoup plus lors de cette étape. Car voici les caractéristiques pour lesquelles ils ont opté :
Je sais.
C’est délirant.
Mais je ne vous ai pas pris en traître, je vous avais prévenu que le risque d’étranglement était grand.
À ce propos, ces deux caractéristiques prises isolément ne sont que des banderilles enfoncées dans nos côtes. Le vrai coup de grâce vient ici :
Autrement dit, le moteur de la Energica Eva offre un couple 15 Nm supérieur à celui de la Megane et une puissance 70% supérieure. Mais le plus affolant, c’est que la moto électrique pèse 4,5 fois moins que la Renault.
La comparaison est sans appel.
Pour autant, une comparaison est rarement suffisante. Car si on arrêtait notre analyse à ce niveau (c’est ce que font 98% des analystes par ailleurs), notre compréhension de la Eva Ribelle serait très partielle.
Et lorsqu’on débourse plus de 20 000 € pour une moto, on préfère aller plus loin.
Pour cause : les deux caractéristiques de couple et de puissance que donne Energica ne permettent en réalité de tirer aucune conclusion sur la valeur du moteur de la Eva. Elles ne sont en effet fournies que pour un régime particulier du moteur.
Et jusqu’à preuve du contraire, un moteur ne tourne pas constamment à la même vitesse.
Il est donc nécessaire d’étudier le comportement du moteur sur toute sa gamme de vitesse. Et c’est exactement le rôle des courbes caractéristiques que nous allons voir dans les prochaines lignes.
Avant de les afficher, deux précisions :
Les voici donc :
À gauche, nous pouvons voir l’évolution du couple du moteur de la Ribelle.
Cette évolution est à l’image de ce qu’on peut trouver dans tous les bons moteurs brushless : un couple maximal dès les premiers régimes maintenu jusqu’à une certaine vitesse, suivi d’un décrochement jusqu’à épuisement du couple dans les hauts régimes.
Même topo pour la courbe caractéristique de droite qui montre l’évolution de la puissance fournie par le moteur.
La forme de la courbe est tout ce qu’il y a de plus classique : on y observe une augmentation linéaire de la puissance entre 0 et 5 000 tr/min, puis une croissance moins rapide jusqu’au maximum suivie enfin par une baisse presque linéaire jusqu’au régime maximal.
Mais ces deux courbes présentent une particularité commune : les valeurs qu’elles affichent sont impressionnantes.
En effet, le couple moteur se maintient à 215 Nm sur la plage de 0 à 4 500 tr/min. Puis il diminue graduellement jusqu’à un régime maximal très honorable de 11 000 tr/min. À titre de comparaison, les deux concurrentes directes de la Eva Ribelle (la Zero SR/F et la Livewire) n’affichent respectivement « que » 190 et 116 Nm.
De la même manière, la puissance de 107 kW de la Eva dévore celle de ses concurrentes qui n’affichent que 82 et 78 kW.
Comparer le moteur de la Eva à celui de ses concurrentes revient donc à assister à un massacre sans merci.
Mais pour la science, j’ai voulu comparer la courbe caractéristique de puissance de ces 3 motos :
Et effectivement, la courbe parle pour elle-même.
Le moteur de la Eva Ribelle dépasse de la tête et des épaules celui de ses adversaires. Par pudeur, j’ai décidé de ne pas publier la comparaison des courbes caractéristiques de couple. Mais croyez-moi, le spectacle est d’une violence égale.
Forts de ce constat, on pourrait conclure immédiatement sur les performances imbattables de la moto d’Energica.
Pourtant, la SR/F et la Livewire ne semblent pas prêtes à céder si facilement. Car elles nous réservent une surprise inattendue : elles franchissent le 0 à 100 km/h en 3 secondes.
Exactement le même chrono que la Energica Eva.
Curieux, non ?
Pas tellement. Car lorsqu’on se sort de la logique de celui qui affichera la plus grosse (on s’entend), on se rend compte d’un détail dont personne ne parle : ce n’est pas le moteur qui propulse la moto, mais la roue.
C’est peut-être injuste, mais c’est ainsi.
Un moteur non relié à la roue tourne dans le vide. Et même avec le meilleur moteur du monde, on reste sur la ligne de départ si la transmission ne se fait pas entre lui et la roue.
On s’est bien amusés en analysant les caractéristiques moteur. Mais maintenant, il faut être pragmatique. Et reconnaître que ce qui importe vraiment n’est ni la puissance moteur, ni le couple moteur.
Ce qui compte, c’est la puissance et le couple disponibles dans la roue.
La fête est finie, passons aux choses sérieuses.
Pour transformer le « couple moteur » et la « puissance moteur » en « couple dans la roue » et en « puissance dans la roue », c’est assez simple.
Il suffit de chercher les informations auxquelles on a accès sur la transmission utilisée dans la Eva Ribelle. Souvent, c’est une donnée que les constructeurs donnent facilement dans le tableau des caractéristiques techniques.
Energica ne fait pas figure d’exception, voilà ce qu’on trouve sur leur site :
CHAINE : Chaîne à joint torique Regina, (16/44) 525
Lorsqu’on utilise le décodeur du mécano, on tire deux enseignements :
Bingo !
Grâce au décodeur du mécano, on sait transformer les courbes caractéristiques du moteur en courbes caractéristiques dans la roue.
Il suffit de multiplier la courbe de puissance par 0,97 (car 97% de rendement) et de multiplier la courbe de couple par 2,75.
Et voilà le résultat concernant la puissance dans la roue :
Pour garder un moyen de comparer avec ce qui se fait ailleurs, j’ai intégré la puissance disponible dans la roue de la Livewire et de la Zero SR/F. Et à nouveau, la comparaison est assez hallucinante.
Mais il y a déjà une première nuance.
C’est que cette fois, il y a une plage (entre 0 et plus de 1 000 tr/min) sur laquelle les deux autres motos dépassent celle d’Energica. Mieux, elles lui sont supérieures sur la quasi intégralité de leur plage d’utilisation.
D’un seul coup, la Ribelle est beaucoup moins impressionnante.
Mais ce n’est pas tout. Il reste les courbes du couple dans la roue.
Bis repetita.
La moto d’Energica va plus loin que les deux autres, mais son couple dans la roue est beaucoup plus faible. Presque deux fois plus faible que celui disponible dans la roue de la Harley-Davidson.
C’est donc une deuxième défaite de rang.
En somme : lorsqu’on oublie les chiffres faramineux et qu’on se concentre sur ce qui compte vraiment (les valeurs disponibles dans la roue), ce n’est plus le même refrain. Et on comprend mieux pourquoi la Ribelle ne dévore pas les deux autres au sprint.
Mais si on lit à nouveau les courbes, un détail doit nous faire tiquer.
C’est que la SR/F et la Livewire ont des courbes qui se ressemblent beaucoup. On ne s’étonne alors pas que leurs performances en accélération soient comparables.
Or, ce n’est vraiment pas le cas de la Energica Eva.
Rendez-vous compte : son moteur est capable de faire tourner sa roue 2,7 fois plus vite que la Livewire. C’est immense ! Et complètement en dehors de tout ce qu’on voit généralement quand on analyse la propulsion des motos.
Pour preuve, la propulsion de la Ribelle peut virtuellement la faire bondir jusqu’à 474 km/h.
Elle ne le fait évidemment pas. Et c’est ici que se trouve la plus grande subtilité de la conception de la Eva Ribelle.
Cette subtilité se focalise dans un adjectif utilisé sur la page produit de la sportive italienne. Je cite :
Vitesse maximale limitée à 200 km/h.
« Limitée ».
Voilà un adjectif que je ne m’attendais pas à rencontrer.
C’est là qu’on entre dans une ère d’innovation.
Car aussi étonnant que ça puisse paraître, le moteur de la Ribelle est bridé.
Plus précisément, il lui est interdit de tourner à plus de 5 000 tr/min alors qu’il est capable de dépasser les 10 000 tr/min. Et nous allons voir ensemble que c’est précisément ici que se trouve toute la subtilité de la propulsion de la Ribelle.
Le premier fait marquant réside dans le changement que ce bridage apporte sur les courbes caractéristiques dans la roue.
En effet, on passe d’une impression de domination presque totale à un combat beaucoup plus équilibré.
D’abord, la puissance dans la roue pour la Eva Ribelle comparée à celle de la Livewire et de la SR/F :
Avec ce bridage, on voit que la courbe de puissance de la Eva (qui est une droite en réalité) n’est plus aussi impressionnante. En effet, la puissance dans la roue disponible est inférieure à celle du moteur de la Livewire jusqu’à 120 km/h, même constat face à la SR/F jusqu’à 160 km/h.
Sous cet angle, les cartes sont donc parfaitement rebattues.
Car si on s’étonnait plus haut que la SR/F et la Livewire franchissent le 0 à 100 km/h en autant de temps que la Ribelle, on s’étonne de l’inverse maintenant.
Pour cause, la puissance disponible dans la roue de la Eva Ribelle est constamment inférieure à celles de la Livewire et de la SR/F entre 0 et 100 km/h.
Comme si le ciel nous tombait sur la tête.
Et ce n’est pas la courbe caractéristique du couple dans la roue qui va nous rassurer :
C’est le même constat concernant le couple : celui dans la roue de la Eva est inférieur à celui dans la roue de la Livewire jusqu’à 120 km/h. Mais aussi inférieur à celui dans la roue de la SR/F jusqu’à 160 km/h.
Pourtant, les chiffres sont clairs : la Ribelle franchit le 0 à 100 aussi rapidement que ses concurrentes.
Il y a deux hypothèses probables qui pourraient expliquer ce paradoxe.
Je ne peux pas départager car les informations nécessaires pour y parvenir sont confidentielles. Donc je vous les donne pour que vous puissiez vous faire votre propre avis :
Quoi qu’il en soit, arrivés à ce stade de l’analyse, on ne peut que faire confiance à ce que dit Energica.
Selon eux, leur Eva Ribelle garantit un passage de 0 à 100 km/h en 3 secondes.
Très bien.
Si c’est le cas, c’est un sacré coup de génie. Car cette alliance entre un moteur bridé une puissance dans la roue dimensionnée au cordeau a une implication : une consommation imbattable.
Ce qui permet cette consommation imbattable, c’est une parfaite maîtrise du rendement du moteur électrique de la Ribelle.
En effet, selon la vitesse à laquelle il tourne, un moteur électrique n’affiche pas un rendement constant.
Plus précisément, il suit une courbe en forme de cloche : sur les faibles vitesses, il affiche un rendement faible, puis il augmente jusqu’à 95% environ pour diminuer à nouveau à haut régime.
L’image suivante illustre cette variation du rendement pour le moteur de la Ribelle et de la SR/F.
Note : le rendement n’est rien d’autre que la mesure du gaspillage d’un moteur. Un rendement élevé décrit un moteur qui gaspille peu d’électricité alors qu’un rendement faible décrit l’inverse. L’optimisation du rendement est donc un axe inconnu mais pourtant nécessaire à étudier.
On voit très clairement que les courbes de rendement pour les deux moteurs sont très proches. La seule différence, c’est que la courbe de la Eva Ribelle est coupée à son maximum, car c’est à ce moment qu’elle se bride.
Car si on passe ces courbes à la moulinette pour regarder leur évolution selon la vitesse de leur moto, voilà ce qu’on observe :
Les pertes de puissance dans le moteur de la Ribelle sont constamment plus faibles que celles de la SR/F.
Et plus la moto va vite, plus l’écart se creuse.
Ce qui veut dire que sur autoroute, au moment où on a besoin de la plus grande autonomie, la SR/F perd 2 fois plus de puissance que la Ribelle.
C’est donc cette efficacité deux fois supérieure qui permet à la Ribelle de garantir une consommation imbattable.
De cette manière, Energica offre une réponse à deux des problèmes les plus importants de la mobilité électrique :
En somme, la conception de la motorisation de la Eva Ribelle est un modèle d’intelligence.
Elle permet de garantir la même accélération que ses concurrentes, elle affiche des chiffres gigantesques qui lui garantissent une publicité gratuite de la part des commentateurs, et elle optimise sa consommation.
C’est un véritable coup de maître.
Mais un moteur sans alimentation tourne généralement assez peu.
Alors oui, la motorisation de la Eva Ribelle est géniale. Mais pour ne pas tout gâcher, il faut que la batterie qui l’alimente soit réussie. Et sur ce point, même si c’est moins flamboyant, ça reste ambitieux.
La batterie de la Ribelle d’Energica est à l’image de son moteur.
Elle est différente de ce qui se fait traditionnellement par sa technologie, et elle affiche des chiffres qui soufflent la concurrence.
Jugez par vous-même :
Note : c’est 230 km en combiné et 180 km en extra-urbain pour la Eva Ribelle, alors que la SR/F et la Livewire proposent respectivement 198 et 152 km en combiné (132 et 113 km sur autoroute).
Autrement dit, la batterie de la Eva dépasse elle aussi de la tête et des épaules ses concurrentes.
Et en réalité, c’est très cohérent. Car si on regarde les chiffres froidement, c’est parfaitement net.
D’abord, Energica a installé une capacité dont ni Zero Motorcycles ni Harley Davidson n’ont osé s’approcher. Rendez-vous compte : la capacité de la Ribelle est 40% supérieure à la concurrence.
Dès lors, malgré une densité énergétique que l’on sait plus faible pour la technologie lithium-ion polymère, cet écart se répercute sur l’autonomie. Celle de la Energica est presque 2 fois (!) supérieure en ville à celle de ses homologues.
La seule faiblesse de cette batterie est que la technologie utilisée (lithium-ion polymère) affiche une densité énergétique plus faible que la technologie utilisée par les autres motos électriques (lithium-ion).
Mais elle compense immédiatement cette infériorité par un poids plus faible (meilleure densité massique), une durée de vie plus longue (plus grand nombre de cycles) et une plus faible probabilité d’explosion (moins de surchauffe).
À ce moment précis, je suis assez impressionné.
Tant au niveau de l’ingénierie (puisque tout est aux petits oignons) qu’au niveau de l’identification et de la réponse à un besoin.
Car après avoir vu tout ce que nous venons de voir, on comprend que la Ribelle n’a qu’un objectif : nous permettre de rouler sur une sportive nerveuse, qui assure pour autant une autonomie plus que décente.
Et ce n’est un secret pour personne : l’autonomie est le fer de lance d’Energica.
Et si ce qu’on a vu ne suffisait pas à s’en convaincre, ajoutons une couche : la recharge de 0 à 80% de la Ribelle dure seulement 40 minutes sur une borne rapide.
La SR/F met 30 minutes de plus, contre autant de temps pour la Livewire mais avec une capacité 40% inférieure.
En somme, la Eva Ribelle est dotée d’un groupe motopropulseur dont les performances sont strictement imbattables. Ou du moins invaincues jusqu’à présent.
Mais une moto électrique, c’est un peu plus qu’un groupe motopropulseur.
Si la Eva prétend être une excellente moto électrique, elle se doit aussi d’afficher des performances remarquables sur sa géométrie. Car je ne vous apprends pas que si j’installe le meilleur moteur de F1 sur ma Clio 3, mes chances de gagner un Grand Prix sont infimes.
C’est le même principe sur les motos électriques.
Un bon groupe motopropulseur, c’est sympa, mais il faut assurer sur le reste. Alors voyons ce qu’il en est pour la Eva.
Ça serait un tel gâchis si sa géométrie était ratée, pas vrai ?
Commençons par rendre à César ce qui appartient à César : Energica donne beaucoup moins d’informations sur sa géométrie que ses concurrents.
Généralement, on décrit la géométrie d’une moto grâce à 5 longueurs :
L’idée de cet article n’est pas d’entrer dans les détails pour chacun de ces paramètres, pour des raisons évidentes de longueur.
Mais si ça vous tente, vous pouvez retrouver tout ce qu’il faut savoir sur l’empattement dans cet article et sur les 4 autres longueurs dans l’article qui porte sur la direction.
Je disais donc qu’Energica était beaucoup plus avare d’informations que ses concurrents.
Pour preuve : parmi ces 5 longueurs, Energica n’en donne que 2 (l’empattement et le diamètre des roues). Alors qu’Harley et Zero donnent 4 parmi ces 5 longueurs (on peut calculer la 5ème en fonction des autres).
Le problème, c’est que pour analyser la géométrie de la Ribelle, j’ai besoin de connaître son empattement et son angle de chasse. J’ai certes accès à l’empattement, mais je n’ai trouvé nulle part une seule source sur l’angle de chasse de la Ribelle.
Alors je l’ai mesuré directement sur la photo ci-dessous, faute de mieux.
C’est aléatoire, pas très précis, mais ça donne quand même une idée.
Selon cette image, j’ai donc mesuré l’angle de chasse à 23,5°. Nous avons ainsi les deux longueurs les plus importantes de la géométrie pour se faire une idée sur la pertinence du travail que les ingénieurs italiens ont fourni.
Que disent-elles ?
Que la Eva Ribelle est bien une streetfighter !
Si (comme moi) vous n’avez jamais vraiment su la définition exacte du terme streetfighter en moto, c’est assez simple : il décrit toutes les motos sportives dont on a enlevé les carénages pour paraître plus agressive.
Le but est que la moto ressemble à une petite bombe.
On reviendra sur le design un peu plus loin, mais sur la géométrie, le contrat est rempli. Car la Ribelle est bel et bien une sportive.
Son angle de chasse de 23,5° est très faible (inférieur de 1° à la SR/F et à la Livewire), ce qui lui apporte une direction nerveuse comme les sportives en raffolent.
Son empattement, en revanche, est un peu plus long que ce que les sportives connaissent d’habitude.
Il est de 1 465 mm, contre 1 455 mm pour la CBR1000RR-R Fireblade SP 2020 de Honda et la Ninja H2 Carbon 2019 de Kawasaki, soit 10 mm de plus. Cette différence n’est pas négligeable, mais on pourra argumenter que ça permet à la Eva d’adoucir un peu sa direction très réactive.
Et puis ça permet d’ajouter de l’espace entre les roues, et donc du volume pour la batterie.
En définitive, la géométrie de la Ribelle est très cohérente avec la volonté de produire une électrique sportive. Car aussi étonnant que ça puisse paraître, la géométrie des motos sportives est parfaitement pertinente pour la ville, grâce à leur maniabilité optimisée.
Ainsi se conclut l’analyse technique des performances de la Eva Ribelle.
Il y avait beaucoup à dire (et je ne m’en suis pas privé). Mais la conclusion de cette partie est sans appel.
La Eva Ribelle est la plus performante des motos électriques de sa catégorie.
Elle roule vite, elle accélère fort, son autonomie est invaincue et sa géométrie est optimale. Elle ne laisse aucune chance à ses concurrentes. Et pour l’ingénieur que je suis, cette analyse technique illustre à quel point la Ribelle m’impressionne. Sur l’aspect purement technique, je n’ai rien à dire sur cette moto.
C’est donc le moment de ranger ma casquette d’ingénieur.
Il est temps de se souvenir qu’une moto électrique, c’est un peu plus qu’une belle pièce d’ingénierie.
C’est aussi un objet de design, une réponse précise à un usage précis, un positionnement prix, et un impact environnemental. Et il faut s’y résoudre, une moto peut être infiniment performante, mais rester une moto médiocre sur les autres points.
D’ailleurs, c’est grâce ces 4 autres points qu’on fait la différence entre une bonne et une excellente moto électrique.
Il est donc temps de passer à une analyse un peu plus globale que celle que nous avons faite jusqu’à présent pour voir ce qu’il en est.
L’intérêt de ces 4 axes de lecture, c’est qu’ils sont beaucoup plus courts à analyser que toute la partie technique que nous venons de terminer.
Alors sans plus attendre, énumérons-les. Et commençons par le design, car il résonne beaucoup avec la géométrie que nous venons d’analyser.
Nous l’avons évoqué dans la partie précédente : la Ribelle est une streetfighter.
Ses deux optiques de phare à l’avant, son guidon large de motocross, les courbes agressives de son réservoir et son cadre treillis en sont la parfaite illustration.
Sur ce point, il n’y a pas de débat. L’image suivante permet de s’en convaincre.
Mais ce qui m’intéresse dans le design d’une moto n’est pas de savoir si j’aime ou si je n’aime pas. Car exprimer ma préférence esthétique est équivalent à vous imposer ma sensibilité. Et ça ne m’intéresse pas.
En revanche, j’aime savoir ce que ce design implique.
Et sur ce point, il y a beaucoup à dire. Car le design d’une moto décide de la première impression qu’elle laissera dans la tête de ceux qui la voient. Ce qui rend le design aussi important que tous les autres paramètres, si on souhaite qu’une moto se vende.
Je ne vous l’apprends pas, les motos électriques ne font pas encore l’unanimité chez les motards.
L’idée du design est donc de convaincre un motard dès le premier regard qu’il posera sur la moto. Avant même qu’il sache que c’est une moto électrique.
Pour répondre à cet enjeu, il y a plusieurs écoles.
Celle de l’Arc Vector, futuriste et qui saccage les codes.
Ça consiste à réinventer le visuel classique d’une moto en prétextant que si les motos électriques sont une révolution, leur design doit lui aussi être révolutionnaire. Je ne crois pas du tout en ça, et la faillite de Arc Vehicle ne me surprend pas.
La deuxième école, c’est celle de la consensualité, incarnée par Zero Motorcycles.
L’idée est de prendre le contrepied total du futurisme révolutionnaire, pour que la moto ressemble à toutes les autres motos du marché. C’est la stratégie du caméléon : à la fois pertinente et conservatrice.
La troisième, c’est la voie médiane.
Elle cherche à tirer parti des tendances actuelles pour les adapter aux motos électriques. C’est ce qu’a proposé Harley-Davidson, et c’est la solution qu’Energica a choisie avec sa Ribelle. Et je ne saurais leur donner tort.
Ils s’appuient sur la tendance actuelle du néo-rétro, puisque les streetfighter ne sont rien d’autre que la réinterprétation des cafe racers avec des inspirations japonaises. Et le plus important, c’est que les codes qu’ils exploitent sont parfaitement alignés avec les points forts des motos électriques.
La preuve, en 3 points.
Les streetfighters sont parfaitement adaptées pour la ville grâce à leur géométrie de sportives (on en a parlé plus haut) : les motos électriques aussi.
Les streetfighters sont des sportives dont l’esthétique a été modifiée.
Elles sont donc puissantes et nerveuses : les motos électriques le sont aussi, bien plus que les thermiques.
Les streetfighters, au même titre que les cafe racers, sont à l’origine les motos de jeunes motards dont les moyens étaient limités. Ils voulaient se marrer entre potes dans les terrains vagues sans avoir peur d’abîmer l’esthétique de leur moto, d’où leur « nudité ».
Ce qui amène à une esthétique très post-apocalyptique de type Mad Max : ça s’aligne très bien avec les motos électriques, qui peuvent aussi être vues comme une solution survivaliste face à la faillite annoncée de notre société carbonée.
En somme, le design streetfighter pour une moto électrique est très pertinent.
D’autant que j’ai l’impression que ce design retarde le moment où on voit le bloc monolithique noir qui marque la présence d’une batterie. C’est-à-dire que pendant quelques instants, avant de voir une moto électrique, on voit simplement une moto.
Une belle moto.
Et ça, c’est bien joué.
Car ça permet d’emporter les suffrages des motards qui ne savent pas encore qu’elle est électrique. Ils désactivent de cette manière une partie de leurs préjugés. Il me semble que ça explique mon sentiment que la Ribelle est beaucoup plus appréciée des « motards thermiques » que la SR/F.
Je trouve donc le design de la Eva à la fois pertinent et réussi.
C’est donc un essai transformé de la part des italiens d’Energica. Mais il reste 3 axes à explorer avant de décerner la palme de la meilleure moto électrique de sa catégorie.
Passons donc au suivant : l’usage auquel la Ribelle répond.
Jusqu’à aujourd’hui, je pensais que le seul usage auquel les motos électriques peuvent répondre entièrement est l’usage urbain. En ville, l’autonomie est un critère secondaire alors que le bruit, les émissions, la maniabilité et la capacité d’accélération sont des critères de premier ordre.
Et justement, c’est exactement la balance force/faiblesse des motos électriques.
Mais la Eva Ribelle représente une exception, puisque son autonomie est suffisante pour rouler également en dehors des villes sans craindre la panne sèche. Elle n’est certes pas encore comparable aux thermiques, mais elle rattrape petit à petit son retard.
Alors, me fera-t-elle changer d’avis ?
J’en doute.
Car la Ribelle cherche à répondre de manière performante à deux usages opposés : l’usage urbain (et périurbain) et l’usage sportif (pas routier pour autant, comme nous le verrons).
Pour ces deux usages, faisons la liste des ingrédients qui permettent cette ambivalence.
Pour la ville, c’est assez simple :
On relativisera ces 4 points en rappelant que malgré tout, elle ne sera pas non plus optimisée pour la ville.
Par exemple, sa capacité peut être un problème dans les zones saturées, où il faut doser l’accélération au micromètre. Dans la même situation, elle pourra aussi sembler un peu trop volumineuse et elle fera regretter de ne pas rouler sur une TC Max, bien plus adaptée.
Mais c’est le prix à payer pour qu’elle réponde élégamment à son deuxième usage : l’usage sportif.
Cet usage sportif est lui aussi très facile à identifier :
La Ribelle est donc une moto qui se sentira parfaitement à son aise sur circuit.
Mais là aussi, on peut relativiser ces 4 points.
Car contrairement à la Ego (qui est une sportive pure), elle n’est pas non plus optimisée pour ça. Le plus criant est certainement son empattement plus long que ce que l’on voit généralement sur les sportives.
On pourra donc poser le genou en virage, sans aucun doute.
Mais si on a l’ambition de gagner un Grand Prix, cette faiblesse géométrique risque de ruiner nos espoirs. À nouveau, c’est le prix à payer pour gagner un peu en polyvalence.
Mais justement.
Un peu comme pour la EsseEsse (un autre modèle d’Energica), cette polyvalence me semble être le plus gros défaut de la Ribelle.
Car malgré la cohérence qu’elle affiche, je crois qu’elle se trompe de cible.
Il me semble qu’avec sa recherche aussi évidente d’une autonomie imbattable, répondre à un usage routier aurait été beaucoup plus pertinent.
Et sur ce point, la Ribelle n’est pas performante du tout.
Tout joue contre elle :
À ce stade de l’analyse, c’est le plus grand reproche que je peux faire à la Ribelle.
Mais qu’on se le dise : je chipote. Car malgré tout, sa polyvalence peut aussi être vue comme un atout par beaucoup de motards qui souhaitent une moto pour la semaine capable de rouler le week-end.
Et même si elle n’est exemplaire ni la semaine, ni le week-end, elle s’en sort avec les honneurs.
Mais voilà, je suis ici pour l’analyser sans état d’âme et souligner ses défauts. L’usage auquel elle répond est trop ambivalent pour être parfaitement pertinent. Et même si ce n’est pas la mer à boire, ça reste un défaut. C’est donc le prix à payer pour le compromis qu’ils ont souhaité trouver.
À propos de prix, qu’en est-il du sien ?
Comme sur beaucoup de motos actuelles, la Eva n’affiche pas qu’un prix.
On peut la configurer à notre guise. Ainsi, si vous le souhaitez, vous pouvez : changer la couleur du cadre, celle du garde-boue arrière et avant, mettre des poignées chauffantes, des jantes aluminium forgées, changer les amortisseurs arrière et la fourche.
En bref, vous pouvez personnaliser à peu près tout.
Mais ça a un prix.
Le modèle de base coûte 22 943 €, tandis que le modèle toutes options est affiché à 29 543 €. Autrement dit, il faut vider presque entièrement un livret A pour avoir la Ribelle standard, et ajouter quelques milliers d’euros pour afficher fièrement toutes les options.
Note : le prix de la Ribelle a changé, puisqu’il est aujourd’hui de 28 000 €. Étant donné que ça impacte beaucoup mon analyse, je corrigerai cette erreur lors de la mise à jour que je ferai en début 2022. Tous mes commentaires sur le prix sont donc à relativiser.
Rouler sur une Energica n’est donc pas donné à tout le monde.
Mais la Ribelle est une sportive qui tutoie sans trop de difficultés les reines thermiques de sa catégorie. Et si on regarde le prix de ses équivalentes comme la Ninja 1000 ZX-10RR (25 999 €), on réalise que la Ribelle n’est vraiment pas si chère.
On pourra dire que comparaison n’est pas raison.
Et ça sera à juste titre, car la Kawasaki dont on parle est capable de rouler jusqu’à 300 km/h. Soit 100 km/h de plus que la Eva. Mais il y a des moments où il faut être capable de lâcher du lest.
Ça permet de réaliser que financièrement, la Ribelle est largement dans la norme de ce qu’on voit sur le marché des thermiques.
Ce qui, au passage, désamorce complètement le discours que certains scandent sur le prix « indécent » des motos électriques.
D’ailleurs, concernant les motos électriques, le prix de la Eva Ribelle est parfaitement dans la norme. Tout au long de cet article, nous avons évoqué ses deux concurrentes principales : la SR/F et la Livewire.
Leurs prix ? Respectivement 20 970 € et 33 900 €.
La Ribelle se situe donc entre ses deux concurrentes.
C’est assez pertinent de la trouver à cet endroit. Que son prix soit inférieur à celui de la Livewire n’est pas étonnant car objectivement, il est difficile de faire plus cher. Et qu’il soit supérieur à celui de la SR/F est entendable puisqu’elle offre de meilleures performances et des finitions supérieures.
En somme, le prix décidé par Energica est honnête.
Ni trop cher, ni pas assez.
Et même si on aimerait qu’il soit inférieur pour rendre universel l’accès aux motos électriques, on ne peut pas trop en demander.
Car la Ribelle est une moto haut de gamme. Son rôle n’est donc pas de se répandre sur tous les segments du marché. Son positionnement prix est donc à l’image de la Eva : maîtrisé.
C’est donc officiel.
Si elle arrive à afficher une empreinte environnementale contenue, la Ribelle fera un carton plein. Mais manque de chance, ce n’est pas exactement le cas.
Arrivés à ce stade de l’article, Energica ne peut que nous impressionner.
Pour autant, il reste à déposer la cerise sur le gâteau.
Celle qui permet de transformer une très bonne moto électrique en excellente moto électrique. Cette cerise, c’est de se rappeler que si les motos électriques sont plus écolos que leurs cousines thermiques, elles ne sont pas automatiquement exemplaires.
Et cet aspect semble être le plus complexe à matérialiser.
Il suffit de regarder toutes les motos que j’ai analysées pour le comprendre : aucune d’entre elles n’est à la hauteur sur ce point. Pourtant, elles ne se privent pas de communiquer sur leur aspect écologique miraculeux.
Alors, qu’en est-il de la Ribelle ?
C’est mi-figue, mi-raisin. Et ce pour plusieurs raisons.
La première, c’est qu’Energica semble conscient de la non-exemplarité de sa moto. Car à l’inverse de ce qu’on peut trouver chez une grande partie de ses concurrents, sa page produit est très humble sur l’aspect écologique et environnemental.
En effet, la seule promesse qu’ils font est de « ne pas aggraver la pollution de l’environnement urbain ».
Et ils ont raison !
Avec une moto électrique, on ne participe quasiment pas à la pollution de l’environnement urbain : on ne produit aucun bruit indésirable, on n’émet aucun gaz à effet de serre, et les seules particules qu’on disperse sont issues des freins et des pneus.
C’est-à-dire que la seule pollution urbaine des motos électriques est commune à tous les véhicules actuels. Dès lors, difficile d’être plus exemplaire en ville.
Je salue donc ce discours.
Il n’y a aucune promesse outrancière, aucune triche et aucun argument fallacieux.
Et je pense qu’une communication honnête permet de réduire l’impact environnemental en responsabilisant les motards. Comme s’ils disaient :
Vous ne polluerez pas en ville, mais on ne promet rien pour le reste.
Ça, c’est le côté figue.
Passons maintenant au côté raisin (pour l’expression « mi-figue, mi-raisin », vous l’avez ?).
De ce côté, ce n’est pas exemplaire.
Un des plus gros problèmes des véhicules électriques réside dans l’impact environnemental des batteries.
Ce qu’on leur reproche est simple : les matières premières qui les compose sont loin d’être irréprochables.
La quasi-intégralité des batteries de véhicules électriques sont des batteries lithium-ion. J’en ai parlé plus en détail dans cet article. Mais pour résumer, leur problème se divise en plusieurs points.
D’abord, on leur reproche les conditions d’extraction des matières nécessaires pour la fabrication des batteries.
Car pour les produire, il faut extraire de nombreux minerais de nos sols :
Et face à l’enjeu financier immense concentré dans ces minerais, les sociétés d’extraction sont peu regardantes sur les conditions écologiques et sociales de leurs exploitations.
Ensuite, c’est l’épuisement de ces minerais.
Au rythme auquel on les sort de terre, on risque de très rapidement venir à court de cobalt, de lithium et de graphite.
Enfin, le dernier point est surtout en termes d’hypocrisie.
On vante les mérites des véhicules électriques car ils permettent de sortir de l’extractivisme pétrolier, mais avec les batteries actuelles, on plonge allègrement dans un nouvel extractivisme. On ne retient donc pas les leçons, et c’est le serpent qui se mord la queue.
Tous ces arguments sont vrais.
Mais la bonne nouvelle, c’est qu’il existe des solutions.
Et c’est à cet endroit que la Ribelle est moins brillante. Car elle n’utilise pas du tout les solutions existantes.
Elle se contente de ce qui marche bien, mais elle perpétue les erreurs du passé. Elle continue donc de creuser dans les réserves de cobalt et de lithium. Alors qu’il est possible de faire autrement.
Par exemple, Energica peut abandonner la chimie Nickel-Manganèse-Cobalt (qu’ils utilisent très certainement sur la Ribelle) pour s’orienter vers la chimie Lithium-Fer-Phosphate, plus économe en lithium et dépourvue de cobalt et de nickel.
Et pour prouver que ce n’est pas une alternative d’altermondialiste décroissant, Tesla a annoncé qu’ils comptaient équiper leurs voitures de batteries fonctionnant avec cette chimie. Autant dire qu’Energica n’a vraiment aucune excuse.
Mais ce n’est pas fini.
Car le moteur répète exactement la même erreur.
Ce qu’on reproche au moteur brushless qui équipe la Ribelle est un copié-collé de ce qu’on reproche à sa batterie. À la différence que cette fois, on ne parle plus de lithium ou de cobalt, mais des terres rares qui composent ses aimants permanents.
Si ça vous intéresse, j’en ai parlé plus en détail dans cet article.
Mais à nouveau, le plus triste, c’est qu’il existe des alternatives aux moteurs brushless.
L’idée de ces alternatives est simple : il faut arrêter avec les terres rares. On peut alors choisir un moteur avec des aimants sans terres rares, ou carrément un moteur sans aimants permanents.
Et le refrain se répète à nouveau sur la faisabilité de l’idée : Tesla le faisait avec les moteurs à induction qui équipaient ses voitures. Je parle au passé, car ils ont décidé de changer de cap aujourd’hui. Mais quoi qu’il en soit, ça prouve que les alternatives sont possibles.
Donc à nouveau, Energica aurait pu mieux faire.
Mais j’ai été tellement impressionné par cette moto que j’ai voulu garder une bonne note pour la fin : la conception impeccable du groupe motopropulseur de la Ribelle lui permet de gagner de nombreux points sur l’aspect écologique.
Car comme nous l’avons largement vu plus haut, la Ribelle affiche une efficacité énergétique bien supérieure à celle des autres motos électriques.
Ce qui veut dire que pour une même quantité d’électricité, elle nous amène plus loin.
Et ça, ce n’est vraiment pas négligeable. Car si on doit rappeler que les motos électriques ne sont pas écolos en elles-mêmes, il faut aussi se souvenir que l’électricité n’est pas non plus écolo en elle-même.
Il faut bien la produire.
Et sans entrer dans un débat compliqué pour savoir quelle source d’électricité est la plus pertinente, on peut s’accorder sur une vérité universelle : rien n’est gratuit. Et quel que soit la nature du prix à payer pour une action particulière, on finit toujours par payer.
Une moto électrique plus efficace que les autres permet donc d’être plus sobre en énergie.
En temps de contrainte énergétique, c’est largement bienvenu. Et bien vu de la part d’Energica, qui améliore de cette manière son empreinte environnementale.
Note : Les entretiens que vous allez lire ont été réalisés en septembre 2020.
Vincent, 50 ans dans quelques jours, j’utilise la Ribelle au quotidien pour les trajets domicile/travail soit environ 16 km A/R depuis 2 mois. J’ai donc peu de distance à parcourir. Je l’utilise également le week-end lors de balades pendant lesquelles je roule un peu plus.
La selle ainsi que la position de conduite sont toutes les deux très appréciables. La position d’assise décuple la sensation de puissance incroyable.
Par tous les temps. Concernant les trajets, c’est : départementales, nationales, un peu de périph mais pas d’autoroute. Sur autoroute, l’autonomie en prend un coup. Ce n’est pas son terrain de jeu préféré, le mien non plus d’ailleurs.
Le week-end dernier, nous avons roulé en duo, accompagnés de trois autres motos (des Zero DS) qui étaient en solo. Nous avons tous consommé la même quantité d’énergie soit 15% sur 2h30 de petites routes de bord de mer.
La Ribelle est plus lourde et nous étions en duo soit presque le double de poids (150kg), c’est donc une sacrée performance. Je pense que nous avons aussi plus régénéré au freinage et à la décélération qu’eux.
Sinon, le week-end d’avant, ça a été un trajet Sud Nantes – Ile de Ré, soit 160km sans recharge et également en duo.
Départementales et nationales en mode balade mais avec une sacrée réserve de puissance car son couple est « démoniaque ».
Tout dépend des chargeurs, sur prise 16A, elle charge 67 km par heure mais sur une borne de 50KW (qui donne en réalité 43), ça va très vite : moins de 2h pour une charge totale.
La commande de régulateur n’est pas très bien placée et demande un regard rapide pour l’activer, on se détourne de la vision de la route.
Une LED placée sous la selle serait un plus pour la charge de nuit dans les endroits sombres (c’est souvent le cas des bornes de charges rapides).
Pour le moment, je n’en trouve pas. La qualité est au top et ils peuvent revendiquer le « PROUDLY MADE IN MODENA » collé sur le carénage arrière.
Seul petit défaut : la commande de régulateur n’est pas très bien placée et demande un regard rapide pour l’activer, on se détourne de la vision de la route.
Sébastien, en Belgique. J’ai commandé l’Energica Ribelle assez rapidement après qu’elle ait été dévoilée en décembre 2019 pour la recevoir finalement au début du mois de Juin. Pour la bonne saison donc ! J’ai eu plusieurs motos : Honda Hornet 600, Triumph Street Triple mais je suis passé à l’électrique avec une Zero S. Après ce premier pas, difficile de résister à ce que propose Energica avec sa nouvelle batterie. J’ai maintenant 2000 km au compteur, donc cela reste encore un peu jeune.
La moto est très confortable. Bien que son poids soit relativement élevé, le châssis et l’équipement lui donnent un très bon comportement routier. Pour moi, c’est la moto qui me donne le plus confiance pour la coucher dans les virages. Bien équilibrée et bien suspendue. Cela permet vraiment d’exploiter la puissance de la moto en toute confiance. À noter qu’avec la puissance disponible, l’antipatinage n’est pas qu’un argument commercial, il peut intervenir très vite !
Je m’en sers à la fois comme moto de tous les jours (maison-boulot) et aussi pour faire des « petites » randonnées le week-end. Je n’ai pas encore eu l’occasion de faire un long road trip mais j’espère que ça sera pour bientôt !
En usage mixte (hors autoroute), on arrive très facilement à 200 km par charge.
À noter que la jauge d’énergie est bien linéaire. Ça donne confiance pour savoir où on en est. Sachant que forcément, avec une moto comme ça, on a envie de la faire monter et descendre assez vite. Donc si le but est l’autonomie, on peut surement arriver à 250km en roulant relax… mais est-ce bien le but ?
Sur autoroute la consommation augmente bien sur donc je pense qu’aux alentours de 120-130 km/h, je suis plus dans les 130-150 km d’autonomie.
Le plus gros challenge reste peut-être à (très) basse vitesse, en dessous de 15 km/h. Ensuite, énormément de plaisir entre 40 et 120 km/h (on sent vraiment la puissance qui continue à arriver avec le pic au alentours de 110km/h). Donc très à l’aise sur tout ce qui est route secondaire.
Très chouette dans les virages, vu le comportement du cadre et la facilité de contrôle de la puissance. À haute vitesse (il fallait tout de même tester les 200 km/h), la moto reste très stable. On voit bien que la moto a été conçue pour faire plus donc cela reste très sécurisant. Elle monte très vite jusqu’à ces vitesses. Pas de problème.
À noter que cela reste une électrique, donc l’état de charge va impacter la puissance/performance. Je dirais que de 100% à 40%, on a plus ou moins 100% de la puissance dispo. En dessous, on sent que le contrôleur limite si on accélère fort mais cela n’empêche pas la moto de continuer à bien donner et à monter à haute vitesse si nécessaire.
En dessous de 10-15%, on arrive vraiment en territoire chameaux : on touche les performances de ma précédente Zero S je dirais (même si ce n’est pas vraiment comparable).
À la maison, c’est plus ou moins 5 heures. On peut programmer le niveau de charge, ce qui permet d’ajuster aux besoins du jour. Je note quand même un léger désagrément avec le ventilateur du chargeur qui est assez bruyant. J’avoue ne pas très bien comprendre pourquoi le ventilateur doit être aussi fort alors qu’il me semble que les Zero SR/F fonctionnent en silence…
Après, je pense qu’Energica veut vraiment contrôler la température de leur système (chargeur, batterie, moteur et contrôleur). Donc si cela permet plus de fiabilité dans le temps, je suis preneur !
Faire une démo chez un concessionnaire : après cela, je pense que tout se comprend beaucoup mieux !
Aucun pour le moment ! La qualité de construction est top ! Cela se voit aussi au point d’accroche des caches, tout est renforcé avec des pièces métallique, c’est du solide… En croisant les doigts, bien sûr.
A noter que j’ai fait l’entretien des 1000 km moi-même et cela reste vraiment super simple (niveau vidange d’un moteur thermique). Pour le reste, pas vraiment d’entretien à prévoir… À part cela, il manque juste d’un petit endroit pour stocker quelques outils, gants ou accessoire.
Je m’appelle Dominique, et ma Ribelle affiche 5290 km au compteur. Je l’ai depuis le 20/06/20. J’ai conduit tous types de motos et quelques streetfighters, des motos électriques et des SBK. Je connais donc bien les motos. Je n’ai pas d’auto et je roule en moto tous les jours de l’année et par tous les temps (même la neige si obligation absolue). J’ai une conduite nerveuse mais pas avec l’Energica.
Je pense que c’est une purge au niveau du confort. J’ai d’ailleurs amené la moto chez un spécialiste de la suspension (SPS à Pérignat les Sarlièves) qui a parfait les réglages de la fourche (c’est tout relatif !). Quant à ceux de l’amortisseur c’est impossible. En cause, un ressort beaucoup trop dur pour mon poids. La bague de réglage de la détente (sur le Bitubo) est inopérante.
À mon sens, il y a aussi un problème entre la fourche et le cadre. On ressent clairement à la conduite que la fourche et le cadre agissent de manière désordonnée. La moto renvoie beaucoup de mouvements parasites dans le guidon qui incitent à la prudence et sont difficiles à gérer. Elle a une géométrie qui incite à user du contre-braquage de manière exagérée. C’est tout le contraire d’une SBK Ducati 748 ou 749 par exemple.
La position du pilote (pieds, bras, assise) est parfaite. La selle est confortable au moins pour le conducteur. Dans le lent viroleux, la moto se comporte comme une Buell, c’est-à-dire qu’on a cette impression qu’elle va tomber. Est-ce dû à la chasse ?
Note : Excellente analyse de Dominique concernant la chasse de la Ribelle. Elle n’est pas communiquée, mais il est probable qu’elle soit très courte.
Je m’en sers pour aller travailler (53 km A-R/jour avec un tiers de petites routes, un autre tiers d’autoroute et le dernier en ville). Sinon je vais avec les potes sur de la balade « nerveuse ». Je roule beaucoup la nuit, d’où l’importance de l’éclairage. Je gravite dans le rayon d’autonomie de la moto (j’ai une thermique aussi). Charge à la maison uniquement.
Au plus, 250 km et au moins 180 km. Les conditions météo jouent aussi.
Le top c’est en ville. Car sur autoroute, elle dévore la batterie et sur petites routes c’est pas top.
Je la charge sur le secteur chez moi en 5h30 environ quand il reste 3% de jus.
Il y a des extinctions du tableau de bord lors de la mise en route. Apparemment, c’est résolu avec mise à jour du firmware. La moto a été livrée avec les phares non réglés. Le capteur de température est complètement farfelu (3 à 4° d’écart avec la réalité et jamais une différence constante). La grille au bas du V de carénage s’est décollée. Elle est juste collée avec du joint noir type bateaux, parebrises.
L’ergonomie du régulateur est nulle. Sur mauvais revêtements, il y a la chaine qui va battre contre quelque chose que je n’ai pas identifié. La moto sur la béquille est très droite avec les réglages de la précontrainte de l’amortisseur en sortie d’usine. Mais comme je suis assez léger il faudrait que je libère complètement le ressort, ce que je ne peux pas faire sauf à accentuer dangereusement le phénomène.
Le système de fixation d’amortisseur est unanimement jugé comme pas très judicieux pour l’efficience. Le frein moteur sur la position 3 est excessif car très fatigant pour la partie haute du corps et le niveau 4 est carrément dangereux. La moto est dangereuse à conduire avec 100% de charge car elle supprime le frein moteur tant qu’elle n’arrive pas à 97%.
C’est une moto pour personnes expérimentées.
Frank, j’ai acheté la Ribelle en janvier 2020 et à cause du COVID, elle m’a été livrée en août 2020. Aujourd’hui, après 1500 km, je suis à nouveau contraint de moins rouler à cause du COVID.
Le confort est bon, légèrement sportif. J’ai les suspensions Öhlins. Quant à la position, elle n’est pas inconfortable, portée vers l’avant.
L’usage que j’en fais est majoritairement quotidien (domicile-travail), à 90%.
Sur l’autoroute, l’autonomie est d’environ 140 km. Si on fait de la route sur nationale, ça sera plutôt 210 km.
Je roule, peu importe les conditions. Mais pour le retour d’expérience, difficile à dire, car je n’ai pas encore roulé par faibles températures par exemple.
Je la charge pendant la nuit, à 6A.
Laissez-la en mode sport, elle est parfaite !
Pas vraiment de vice caché. Je dirais qu’il faudrait néanmoins des améliorations sur le logiciel de régulation de vitesse.
Je m’appelle Wolfgang. J’ai acheté ma Ribelle en mai 2020, et je l’ai reçue en août, trois mois plus tard. Elle affiche 750 km au compteur aujourd’hui (en septembre 2020).
La suspension Öhlins est vraiment sportive et dure, j’ai dû réduire légèrement la précharge du ressort sur l’amortisseur arrière. La position de conduite est parfaite pour moi, très similaire à la MV Agusta Brutale.
Uniquement pour m’amuser. Je la prends en virées courtes après le travail, le soir ou en voyages de 200-300 km le week-end. Je suis toujours seul sur ma bécane, jamais de passager.
Je fais minimum 180 km pour passer de 85% à 15% de charge, si je ne dépasse pas 130 km/h. En général, l’autonomie tourne autour de 220 km.
Je ne peux pas parler des conditions météorologiques car je n’ai roulé sur ma Ribelle qu’en été à des températures entre 25 et 33°C. Quant aux conditions de route, je préfère les courbes longues à vitesses intermédiaires ou les serpentins de montagne.
La recharge pour passer de 20% à 85% est d’environ 35 minutes sur une borne. Et 5-6 heures à la maison.
Pas d’astuce particulière, je la trouve parfaite comme elle est.
Rien à signaler pour le moment.
Scott, je l’ai depuis décembre 2019 et j’ai roulé 1600 km avec.
J’ai 56 ans, je suis donc plus habitué à une position plus détendue de cruiser. Mais j’ai acheté cette streetfighter parce qu’elle est rapide et que son esthétique est très cool. L’inclinaison vers l’avant agressive est présente aussi sur ma Livewire. Le confort est acceptable mais pas adapté aux longs trajets qui eux-mêmes sont discutables à cause des limites de la batterie.
Les repose-pieds sont pour la course et trop petits, mais ils sont faciles à remplacer.
Je l’utilise pour aller au travail tous les jours, 21 km aller, 21 km retour. Et quelques fois, des virées plaisir le week-end.
Je ne sais pas, puisque je vide jamais ma batterie. J’ai un chargeur chez moi et au travail. Donc si j’oublie de la recharger une fois, j’ai la possibilité de recharger ma Ribelle le lendemain. Mais j’estime l’autonomie à 160 km en ville, et 110 km sur autoroute.
Je préfère le temps chaud, mais pas trop non plus. Sans pluie, un peu de vent mais pas trop, non plus. Et des conditions favorables de trafic. Comme toutes les autres motos donc.
Je ne regarde jamais le temps de charge. Ma moto charge toujours dans le sous-sol quand je travaille ou chez moi. Difficile à dire donc.
Je conseille de rehausser le guidon avec un rehausseur de guidon Rox de 5 cm. Vous pouvez aussi installer une selle Corbin droite pour garder les pieds à plat plus simplement. Une bulle OEM est aussi très pratique sur autoroute. Sans oublier d’élargir les repose-pieds.
Pour ce qui est de l’utilisation, charger la batterie juste avant de rouler dans le froid permet de réchauffer la selle.
Pas que je sache. Le firmware ne peut pas être mis à jour au fur et à mesure comme sur ma Tesla, mais c’est aussi le cas de ma Livewire. L’engrenage de réduction en sortie de moteur fait beaucoup de bruit en comparaison avec celui de la Livewire et des motos Zero.
Les repose-pieds sont trop étroits. Les clignotants ne s’éteignent pas automatiquement, contrairement à ceux de ma Harley. Le bluetooth est si mauvais que l’application est presque rendue inutile, on doit se reconnecter en étant sur la moto. Les boutons du régulateur sont mal placés, si bien qu’on doit utiliser la main gauche pour appuyer sur un bouton placé à droite.
Rob, c’est tout neuf car elle n’affiche que 40 km au compteur. Je l’ai depuis septembre 2020 (l’entretien date de septembre 2020).
La position de conduite est très bonne, la selle est confortable, les suspensions sont souples.
Je l’enfourche surtout les week-ends, dans les montagnes avec des amis.
Si je roule tranquillement, je suis sûr que je pourrais atteindre 400 km. Mais où est l’amusement là-dedans ?
Tant qu’il y a des routes, toutes les conditions sont idéales pour rouler avec la Ribelle. Si bien que je prends très peu ma voiture, même quand il pleut. Tous les voyages, longs ou courts sont une aventure !
Je ne me soucie pas vraiment du temps de charge parce que je me contente de la brancher quand j’arrive chez moi, et quand je me réveille, elle est complètement chargée. Si je dois la charger sur le chemin, c’est pratique car j’ai juste à la brancher, m’étirer un peu, aller aux WC, manger un bout, débrancher la moto, et repartir !
Soyez positifs et profitez !
Pas que je sache.
Je m’appelle Marc et j’ai reçu ma Ribelle il y a deux semaines. J’en suis à 400 km.
C’est sujet à débat. J’ai dû passer du temps à régler les suspensions pour les rendre parfaites, avec un outil appelé Slacker. La moto est équipée avec des suspensions Öhlins, particulièrement dures, surtout au niveau de la suspension arrière.
Notez que je pèse 97 kg et après avoir discuté avec le revendeur, j’ai compris que la moto est conçue pour des motards de 100 kg avec un passager de 45 kg. Autant dire que la suspension est ultra-dure quand elle est livrée. J’ai depuis augmenté l’amortissement sur la fourche par un tour complet de la vis, et j’ai baissé le ressort à l’arrière d’un tour et demi. Ça l’a totalement transformée.
Je la prends demain pour visiter un magasin de course pour régler professionnellement les suspensions. Mon trajet d’hier a duré deux heures et j’ai trouvé la selle vraiment confortable, et la position très bonne.
Hier, j’ai roulé 80 km sur autoroute à 120 km/h, et quand je suis arrivé chez moi, elle affichait une autonomie restante de 80 km.
J’utilise ma moto non pas dans un usage quotidien mais pour me relaxer et apprécier les jours de beau temps de Houston. Je pense néanmoins qu’elle doit être très bonne pour l’usage quotidien travail-maison grâce à l’absence de manipulations rébarbatives de l’embrayage, qui rend le slalom dans le trafic désagréable.
J’aime rouler sur ma Ribelle dans les routes sinueuses, je me suis habité à son poids et je ne le trouve pas problématique du tout. J’aime aussi les nouvelles sacoches de selle dans lesquelles je peux rouler ma veste.
J’ai installé une prise 240V à un chargeur Siemens 30A. Ma moto avale donc 3 kW de puissance et prend toute la nuit pour être chargée.
Mesurant 1 mètre 82, j’ai besoin de rehausser le guidon et baisser les repose-pieds.
Après 4800 km, je n’ai pas rencontré de défaut. La qualité de construction est aussi parfaite que ce que j’ai vu sur des Ferrari (note : compliment incroyable), qui est installé dans la même ville qu’Energica par ailleurs. Ils savent vraiment construire des motos.
Après cette analyse en profondeur, cette question se pose légitimement en guise de conclusion.
Et pour y répondre, je crois qu’il suffit de faire l’inventaire des réponses que nous avons trouvées en disséquant les 5 axes du cahier des charges :
Autrement dit : oui, je crois que la Eva Ribelle est la meilleure moto électrique de son segment.
Et je suis réellement impressionné par sa domination presque sans partage. L’avoir analysée aura été une leçon magistrale sur la bonne conception d’une moto électrique.
C’est d’ailleurs aussi pour cette raison que je rédige ces articles longs et documentés sur les motos électriques du marché.
Ils me permettent de comprendre ce qui se cache derrière une moto électrique dont le succès n’est pas à prouver, afin de pouvoir m’en inspirer. Car je n’oublie pas que mon objectif est bien de construire ma moto électrique.
C’est un objectif ambitieux, j’en suis conscient.
Mais j’y travaille tous les jours, avec la passion et l’espoir de participer à l’élaboration de mobilités plus responsables. Et pour structurer mon avancée vers cet objectif, je vous raconte tout dans mes e-mails. J’y évoque mes avancées, mes réflexions et mes doutes.
Si vous aussi, vous voulez en apprendre tous les jours sur les motos électriques, vous pouvez vous abonner à mon journal de bord en laissant votre e-mail juste en-dessous.
On se retrouve de l’autre côté !
Mon adresse e-mail est publique, et vous pouvez m’écrire à tout moment. La voici : julien@construire-sa-moto-electrique.org. Vous pouvez également me contacter sur LinkedIn.
Merci ?pour cet article intéressant qui mérite une mise à jour avec l’évolution du moteur mavel..
Il faut vraiment que j essai une energica ??.
Salut Mick,
Oui l’article commence à dater, mais je n’arrive pas à trouver le temps.
Un jour, j’espère 😉
Et pour ce qui est de l’essai, ça va pas être simple car il n’y en a pas mille en France, mais je te le souhaite oui !
Le prix de base de la Ribelle est de 28122 € sur le configurateur : https://configurator.energicamotor.com/fr/configure/evaribelle_my2021/version
Le tarif de 22 943€ que vous indiquez est probablement un tarif hors taxes 🙂
Re-salut Baptiste,
Bien vu, je vais corriger ça de suite !