Julien Vaïssette
Fanatique d'Excel, adepte de Camus & ingénieur en mécanique — Suivez-moi sur sur LinkedIn.
La Zero SRS de Zero Motorcycles a beaucoup fait parler d’elle à sa sortie. Et c’est à juste titre, car c’est une excellente moto électrique.
Tout au long de votre lecture, gardez en tête que mon adresse e-mail est publique, et que vous pouvez m’écrire à tout moment. La voici : julien@construire-sa-moto-electrique.org. Vous pouvez aussi me contacter directement sur LinkedIn.
Autour de la Zero SRS, il y a désormais tellement de motos électriques puissantes qu’il est devenu presque impossible de choisir sans crise de panique.
Alors j’ai décidé de vous aider, si vous êtes dans cette quête, en classant toutes les motos électriques puissantes de manière aussi objective que possible. Vous pouvez retrouver le classement dans cet article.
Mais d’abord, voyons ce que la Zero SR S veut bien nous dévoiler.
La Zero SR/S est la sœur jumelle de la Zero SR/F, que j’ai analysée très en profondeur dans cet article. Si vous voulez avoir une vision fine de ce que la SR/S vaut, je vous conseille donc d’aller voir cet article. C’est le plus complet que vous pourrez trouver sur internet.
Ici, je vais donc moins rentrer dans les détails.
Mais je vais souligner des traits de la personnalité de la SR/S dont je n’ai pas parlé dans l’article sur la SR/F.
D’abord, résumons : la Zero SRS (au même titre que sa sœur) est une des meilleures motos électriques du marché.
Elle est puissante (82 kW), coupleuse (190 Nm et 855 Nm dans la roue), rapide (sa vitesse de pointe est de 200 km/h) et très réactive (elle franchit le 0 à 100 km/h en 3 secondes).
Mais avant de m’intéresser à l’autonomie et à la géométrie de la Zero SR S, j’aimerais faire un petit zoom sur la filouterie de Zero Motorcycles.
Si vous avez lu les autres fiches qui s’intéressent aux autres motos de la gamme de Zero Motorcycles, vous savez que le constructeur californien joue avec les mots pour transformer une moto de 52 kW en une moto accessible aux titulaires du permis A2 (la Zero SR, par exemple, fait 22 kW selon cette pirouette).
Le problème, c’est qu’ils se prennent à leur propre jeu dans le cas de la Zero SR/S.
Car s’ils suivent la logique qu’ils ont appliquée pour toutes leurs motos moins puissantes, ils devraient dire que la puissance de la SR/S est de 40 kW.
Mais c’est impossible. Car en communiquant cette puissance, ils donnent l’impression que la Zero SRS est une petite moto.
Alors que non, c’est une vraie moto électrique sportive. Une moto qui bat à plate couture la plupart des sportives qui existent sur le marché.
Comment faire, dès lors ?
Une nouvelle pirouette.
Ils ont simplement changé l’ordre d’apparition des puissances dans la liste des caractéristiques de la moto.
Pour toute leur gamme, ils affichent en effet d’abord la puissance maximale (qui est la vraie puissance nominale), puis la puissance continue (qui est la puissance qu’ils mettent sur la carte grise), suivies par les autres caractéristiques de vitesse et d’accélération.
Sauf pour la Zero SR/F et la Zero SR/S : ils affichent toujours la puissance maximale en premier, mais ils cachent la puissance continue après les caractéristiques de vitesse et d’accélération.
Comme ça, c’est fait, ni vu ni connu.
La question est alors de savoir quelle puissance ils écrivent sur la carte grise ? Mystère…
Quoi qu’il en soit, Zero Motorcycles est malin.
Et je ne leur jette pas la pierre, car ils jouent avec la législation pour conserver leur titre de meilleur constructeur de motos électriques. Mais heureusement, ils ne basent pas toute leur stratégie sur leur filouterie. Car ils savent aussi concevoir de bonnes motos électriques.
La preuve, avec une géométrie très cohérente.
L’empattement de la Zero SRS est en effet un empattement parfaitement standard de roadster.
Ce qui nous laisse penser que derrière ses performances de sportive, la Zero SR/S veut s’adresser aux motards urbains qui aiment la polyvalence.
La suite logique, pour beaucoup d’autres constructeurs, aurait été d’opter pour un angle de chasse standard de roadster, aussi. C’est ici que Zero Motorcycles a fait un choix très intelligent, puisqu’ils ont préféré un angle de chasse un peu plus faible que la moyenne, de 24,5°.
Ce que ça implique, c’est que la Zero SR S est bien polyvalente, mais plus orientée vers la ville.
Et par chance, les faibles angles de chasse sont aussi ceux des sportives. Cette géométrie de roadster sportif est donc la preuve de la parfaite maîtrise de la part de Zero Motorcycles. Ils ne sont pas les premiers pour rien.
Enfin, l’autonomie.
Sur ce point, la Zero SRS n’est pas la meilleure.
Elle se fait devancer par la Energica Ribelle et la moitié des autres modèles du constructeur italien. Mais elle n’est pas ridicule pour autant : avec une autonomie de 259 km en ville et 159 km sur nationale, elle offre assez de garanties pour rouler dans un usage quotidien sans crainte de la panne sèche.
La seule faiblesse de la Zero SR S se trouve en réalité dans sa recharge, qui est bien lente par rapport à la concurrence.
Ses 3 heures pour passer de 0 à 95% de charge font pâle figure à côté de la Energica Ribelle et ses quelques dizaines de minutes pour en faire autant.
La note des performances de la Zero SR/S comparées à celles de la concurrence : 3,16/5. Elle est complètement plombée par son temps de recharge 3 fois supérieur à la moyenne.
Je trouve la Zero SR/S très belle.
Elle reprend les lignes agressives de la SR/F. Mais ses carénages et sa bulle apportent une esthétique beaucoup plus sportive, que je trouve du meilleur goût. Et c’est en parfaitement adéquation avec ses performances, puisque la SR S est un roadster sportif.
On retrouve néanmoins les codes de Zero Motorcycles, avec une prise de risque relativement faible (il n’y a qu’à voir la Zero S ou la DSR).
Mais en tant que figure de proue des motos électriques, il parait assez cohérent de ne pas s’attirer les foudres des gens sensibles qui n’aiment pas les designs trop marqués.
La note que j’attribue à son design, selon mes goûts donc : 4/5.
L’usage de la Zero SR/S est strictement le même que celui de la SR/F : de la ville et du périphérique.
Autrement dit, la Zero SR S s’adresse aux urbains qui représentent justement la cible idéale pour les motos électriques, avec leur porte-monnaie plus gonflé que la moyenne et leur conscience écologique naissante.
C’est malin.
La note sur la pertinence de sa réponse à l’usage souhaité : 4/5.
La Zero SR/S coûte à partir de 21 720 €.
Ici, la plupart des néophytes ont un mouvement de recul. Pour cause, c’est un prix très élevé comparé aux équivalentes thermiques qui coûtent souvent deux fois moins cher.
Mais avec le temps, on apprend les prix des autres motos électriques, et on réalise que la Zero SRS ne fait vraiment pas partie des sportives électriques les plus chères. Elle se situe même à la moyenne.
On se fait à tout. Mais il ne faut pour autant pas oublier l’essentiel.
Ce n’est pas parce que la Zero SR S est plutôt compétitive par rapport aux autres motos qu’on doit s’en satisfaire. Car le but des motos électriques est de se démocratiser. Et pour y parvenir, il faut contenir les prix, avec beaucoup plus de vigueur.
Ça viendra, sans aucun doute.
Mais d’ici là, nous n’avons pas d’autre choix que de vider le livret A pour s’offrir une moto qui n’intoxique pas l’air dans lequel on roule.
Sa note sur l’aspect financier en comparaison avec la concurrence : 2,53/5.
Justement, en parlant d’air intoxiqué, voyons ce qu’il en est de l’impact environnemental global de la Zero SR/S.
Et le verdict tombe très vite : il n’est pas exemplaire.
Vraiment pas du tout.
J’ai même d’ailleurs l’impression que la Zero SRS se satisfait si bien de ne pas polluer l’air dans lequel elle roule qu’elle ne se soucie pas de son empreinte globale.
Mais comment le lui reprocher quand on sait qu’aucune autre moto électrique ne fait cet effort.
C’est désespérant.
La Zero SR S est donc équipée d’un moteur garni d’aimants permanents en terres rares, qui représente une catastrophe écologique avec très peu de précédents. Et elle est dotée d’une batterie lithium-ion composée très certainement de cobalt et de nickel, minerais en grande tension car leurs réserves se vident dangereusement.
La note de sa pertinence environnementale : 2/5.
Elle obtient une moyenne générale de 3,14 qui aurait pu être meilleure.
Malgré cette fausse note commune à toutes les autres motos électriques, la Zero SR/S est dans le haut du panier.
Et si vous hésitez à acheter une moto électrique sportive, vous êtes sûrs de ne pas vous tromper avec celle-là.
Mon adresse e-mail est publique, et vous pouvez m’écrire à tout moment. La voici : julien@construire-sa-moto-electrique.org. Vous pouvez également me contacter sur LinkedIn.