Moteur synchrone : lequel utiliser, et lequel laisser de côté ?

Le moteur synchrone rassemble tellement de technologies différentes qu’il est aberrant de parler de moteur synchrone comme une famille homogène. Voici donc la liste de tous les membres de cette famille.

Julien Vaïssette

Fanatique d'Excel, adepte de Camus & ingénieur en mécanique — Posez-moi toutes vos questions à l'adresse julien@construire-sa-moto-electrique.org, ou en cliquant sur ce lien.

moteur synchrone par jean charles barbe

Tout au long de votre lecture, gardez en tête que mon adresse e-mail est publique, et que vous pouvez m’écrire à tout moment. La voici : julien@construire-sa-moto-electrique.org.

Vous recevrez une réponse de ma part aujourd’hui (ou demain au plus tard).

Quasiment tous les véhicules électriques sont équipés d’un moteur synchrone. L’explosion de la mobilité électrique a par conséquent été suivie par une explosion de la fabrication et de l’utilisation de moteurs synchrones.

À première vue, c’est une excellente nouvelle.

Car les véhicules électriques présentent un progrès environnemental considérable, par leur plus faible émission de gaz à effet de serre.

Mais ce n’est qu’à première vue.

Quand on regarde les véhicules électriques de plus près, on remarque en effet que les moteurs synchrones qui les équipent appartiennent à une seule catégorie de moteurs : les moteurs à aimants permanents.

Or par malchance, certains moteurs synchrones à aimants permanents représentent un sérieux risque environnemental. Si bien qu’à la fin, la révolution des véhicules électriques deviendra peut-être un jeu de dupes du plus mauvais goût en termes d’impact environnemental.

Il s’agirait donc de ne pas se tromper à l’avenir, et de choisir les bons moteurs synchrones pour équiper nos véhicules électriques.

Pour ça, le mieux est de comprendre les forces et les faiblesses de chaque moteur synchrone. Et ainsi, on pourra déterminer lesquels nous devrions utiliser, et lesquels nous pourrions éviter.

C’est ce que je vous propose de faire dans cet article.

Et vous verrez qu’en réalité, le futur n’est pas si sombre. Mais seulement si nous prenons les bonnes décisions.

Votre avis : la présence de terres rares dans les moteurs de véhicules électriques

Les terres rares sont dans (presque) tous les moteurs électriques : les moteurs de Tesla, les moteurs de motos électriques, et même les moteurs de vélos électriques.

Et pour comprendre l’ampleur du phénomène, j’ai lu énormément de littérature scientifique sur le sujet.

Le problème, c’est qu’aucune de ces analyses et études scientifique ne prend en compte l’avis des personnes les plus concernées par le sujet des terres rares : vous et moi, les usagers, automobilistes et motards.

Alors j’aimerais savoir ce que vous pensez des terres rares.

J’ai préparé un questionnaire très court (5 questions), qui vous prendra probablement moins de 2 minutes à compléter.

Vous pouvez y répondre en cliquant sur ce bouton :


Grâce à vos réponses, j’aurai une idée claire de ce que vous pensez des terres rares – et je pourrai m’appuyer là-dessus pour continuer la conception de mon prototype de moto électrique.

Les connaissances de base sur le moteur synchrone

Avant d’entrer dans des considérations complexes sur les moteurs synchrones et leur futur, il est nécessaire d’avoir quelques connaissances de base. Car je vois trop de commentateurs qui débattent savamment mais qui ne comprennent plus rien à leur sujet.

Et pour cause : ils ont oublié les mécanismes de base qui régissent les véhicules électriques.

Je vous propose donc qu’on suive tous ensemble les conseils du vénéré Elon Musk, qui n’a pas que des mauvaises idées, puisqu’il considère qu’on doit toujours commencer par comprendre la physique d’un problème.

Alors croyons-le, et étudions la physique (ou plutôt le fonctionnement) du moteur synchrone.

Comment fonctionne un moteur synchrone ?

Il y a de nombreuses technologies de moteurs synchrones. Mais leur fonctionnement repose sur le même principe :

  • Un stator (le nom qu’on donne à la pièce fixe du moteur) génère un champ magnétique tournant.
  • Et un rotor (le nom qu’on donne à la pièce tournante du moteur) est mis en rotation par ce champ magnétique tournant.

C’est toujours le même schéma.

Néanmoins, connaître ce schéma vague ne suffit pas. Il faut aller plus en détail, pour savoir à la fois comment est généré le champ magnétique tournant du stator, et comment le rotor est entraîné par ce champ magnétique.

Le stator du moteur synchrone

Tout commence dans le stator. C’est une pièce cylindrique, le plus souvent creuse, qui est parcourue de dents en métal orientées vers son intérieur.

Note : il est possible que les dents soient orientées vers son extérieur, mais c’est une configuration moins commune, qu’on appelle « outrunner ».

L’intérêt de ces dents, c’est qu’elles sont enroulées avec du fil électrique. On a donc créé des bobines de fils autour de ces dents. Leur but est simple : quand on alimente ces bobines de fil avec de l’électricité, les dents se magnétisent.

En effet, une propriété de l’électricité veut que son passage génère un champ magnétique.

Et cette même propriété implique que si on fait passer un courant dans une bobine qui enveloppe une dent en métal conducteur, alors la dent devient un électroaimant.

Comme pour un aimant permanent, elle présente alors un pôle sud et un pôle nord.

Mais son avantage sur l’aimant permanent, c’est que l’électroaimant peut s’éteindre à notre bon vouloir. Et il peut même inverser sa polarité. Il suffit pour ça d’inverser le sens du courant :

  • le pôle nord devient pôle sud,
  • et le pôle sud devient pôle nord.

Si bien que si on allume les bobines les unes après les autres, on peut générer un champ magnétique tournant à l’intérieur du stator :

schema stator

On peut voir sur l’illustration précédente le fonctionnement universel d’un stator.

Il est composé de plusieurs jeux de bobines synchronisées, qui s’allument les unes après les autres pour générer un champ magnétique tournant.

Au-dessus, c’est un stator de moteur triphasé, car on peut voir qu’il est en réalité composé de 3 bobines qui sont réparties en cercles concentriques dans le stator.

L’intérêt de procéder ainsi, c’est que lorsqu’une bobine est allumée (disons celle qui est la plus proche du centre du stator), les 2 pôles sud et les 2 pôles nord sont parfaitement orientés. Car ils sont constitués du même fil, dont l’orientation d’enroulement est inversée.

Quoi qu’il en soit, vous avez ici le fonctionnement universel d’un stator.

La suite, c’est d’intégrer un rotor en son sein, pour le faire tourner. Comme le rotor tourne à l’intérieur du stator, on dit donc qu’on est dans une configuration « inrunner », qui est la configuration la plus commune.

Le rotor du moteur synchrone

Pour tous les moteurs synchrones triphasés dont je vais vous parler ensuite, c’est le rotor qui diffère. Car il y a mille possibilités de le fabriquer.

Pour autant, son fonctionnement est toujours le même.

Car pour qu’il soit mis en rotation par le champ magnétique tournant du stator, il n’a qu’une mission : être magnétisé. C’est-à-dire qu’il doit présenter des pôles nord et des pôles sud, au même titre que le champ magnétique du stator.

Et s’il le fait, il se mettra forcément à tourner pour suivre la rotation du champ magnétique du stator.

Autrement dit, le rotor n’est rien d’autre qu’un aimant cylindrique qu’on insère dans le stator :

schema moteur synchrone

Voilà donc pour le fonctionnement général des moteurs synchrones.

Nous verrons ensuite les fonctionnements particuliers de tous les moteurs synchrones les plus utilisés. Mais avant ça, il nous reste à répondre à une question : pourquoi dit-on que ce moteur est synchrone ?

Pourquoi dit-on que c’est un moteur synchrone ?

La réponse à cette question est très rapide : on dit que ce moteur est synchrone car le rotor tourne exactement à la même vitesse que le champ magnétique du stator, en conditions idéales.

Je dis que c’est « en conditions idéales » car il y a toujours un peu de glissement entre le rotor et le stator. Ça empêche donc le rotor de tourner aussi vite que le champ magnétique du stator.

Mais quoi qu’il en soit, on l’appelle ainsi car il tend à tourner aussi vite.

Et si on fait cette précision, c’est parce que le moteur synchrone s’oppose à une autre famille de moteurs — celles des moteurs asynchrones. La raison principale qui nous amène donc à décrire les moteurs synchrones ainsi, c’est qu’il existe des moteurs asynchrones.

Quelle est la différence entre un moteur synchrone et un moteur asynchrone ?

La différence entre ces deux moteurs est dite dans le nom : le rotor du moteur synchrone est synchronisé avec le champ magnétique tournant du stator, alors que celui du moteur asynchrone ne l’est pas.

Ici, nous n’allons pas parler de moteurs asynchrones, car ce n’est pas le sujet de cet article. Mais si vous voulez en apprendre plus sur ces moteurs, j’ai rédigé un article à leur sujet que vous pouvez retrouver ici.

Maintenant que nous en savons un peu plus sur les moteurs synchrones, je vous propose qu’on entre dans le vif du sujet.

C’est-à-dire qu’on discute plus précisément des différentes technologies de moteurs synchrones, de leurs forces et de leurs faiblesses.

Quels sont les différents types de moteurs synchrones triphasés ?

Je ne vais pas parler des moteurs synchrones monophasés, car ils n’appartiennent pas du tout à mon domaine de compétence. Si vous voulez construire un drone ou un robot à moustaches, je ne saurai donc pas vraiment vous aider.

Mais si vous vous intéressez aux moteurs synchrones utilisés dans les voitures et les motos électriques, ce sont tous des moteurs synchrones triphasés. La raison est simple : ils sont plus puissants. Et quand on veut propulser quelques centaines de kilogrammes, la puissance est notre alliée.

Cette liste de moteurs synchrones triphasés est donc un guide simplifié du constructeur automobile.

Inscrivez-vous à mon journal de bord pour découvrir toutes les étapes de conception d’une moto — du cahier des charges, à l’homologation d’un prototype.

+2 000 ingénieurs, concepteurs & passionnés inscrits.

Vous y retrouverez un résumé des forces et des faiblesses des 4 technologies de moteurs synchrones utilisés en mobilité. Et vous aurez une liste des véhicules électriques équipés par chacune de ces technologies de moteur synchrone triphasé.

Le moteur brushless

Le moteur brushless ou BLDC (pour « BrushLess Direct Current ») est le moteur électrique qui jouit de la plus belle côte dans tous les moteurs électriques.

Mais si son arrivée a permis aux constructeurs automobiles de croire à nouveau dans la mobilité électrique, il ne jouit plus d’un monopole sans partage sur les véhicules électriques. C’est même l’inverse, car cette technologie ne propulse quasiment aucune voiture électrique.

Comment fonctionne le moteur brushless ?

Le fonctionnement du moteur brushless est très simple. Si simple qu’il remporte probablement le titre de la simplicité de fonctionnement face à tous les moteurs synchrones.

Il consiste en effet à reprendre le stator que nous avons vu plus haut, et à insérer un rotor cylindrique recouvert d’aimants permanents.

Et puis c’est tout.

Vous mettez le rotor dans le stator, et vous verrez le rotor tournoyer gaiement :

schema moteur brushless

En réalité, il présente des difficultés de conception.

Par exemple, n’étant pas pourvu de balai (ces charbons utilisés sur les moteurs à courant continu qui permettent de lier le rotor au stator), on doit extrapoler la position du rotor. On y arrive évidemment, mais voilà, il est bon de rappeler que rien n’est jamais aussi simple qu’il n’y paraît.

Quels sont les avantages du moteur brushless ?

Les avantages du moteur brushless sont nombreux :

  • Il affiche un bon rendement ;
  • Il est facile à fabriquer ;
  • Aussi, il est largement disponible sur étagères ;
  • Il n’est pas cher ;
  • Et il affiche une bonne puissance spécifique (c’est-à-dire qu’il fournit une puissance raisonnable dans un poids limité) – supérieure à 1 kW/kg.

Quels sont les inconvénients du moteur brushless ?

Mais le moteur brushless a quelques faiblesses :

Quels sont les véhicules équipés d’un moteur brushless ?

Si on compile les forces et les faiblesses du moteur brushless, on comprend alors pourquoi il n’est utilisé que dans des usages où la puissance demandée est modeste.

C’est donc lui que les constructeurs préfèrent pour équiper les deux-roues électriques et les voitures hybrides :

  • Toutes les motos électriques du marché ;
  • Tous les scooters électriques du marché ;
  • La Cadillac CT6 2016 ;
  • La Honda Accord 2014 et 2006 ;
  • La Sonata HSG 2012 ;
  • La Toyota Prius 2010 et 2004 ;
  • La Lexus 2008 ;
  • La Toyota Camry 2007 ;
  • Et la Nisson Hypermini 2003.

Ayant moi-même l’ambition de produire des motos électriques, le moteur brushless m’a évidemment fait de l’œil. Je l’ai donc étudié en détails et j’ai rassemblé tout ce que j’ai appris à son sujet dans cet article.

J’y raconte notamment pourquoi je préfère m’abstenir d’équiper ma moto électrique avec ce moteur. Et ça pourrait être au profit du moteur synchrone à rotor bobiné, dont nous allons parler maintenant.

Le moteur synchrone à rotor bobiné

Le moteur synchrone à rotor bobiné est un moteur très original utilisé seulement par Renault, qui a la particularité de fonctionner comme un moteur à courant continu, mais en courant alternatif.

Je me suis arraché quelques cheveux pour le comprendre, mais je saisis aujourd’hui tout son potentiel.

Et je vais tâcher de vous convaincre que Renault a eu raison de le choisir.

Comment fonctionne le moteur synchrone à rotor bobiné ?

Le moteur synchrone à rotor bobiné partage le même stator que les autres moteurs électriques. Il se différencie néanmoins par son rotor qui ne possède aucun aimant permanent, mais des électroaimants. Donc des bobines enroulées autour de dents, exactement comme sur le stator.

Il suffit alors d’alimenter en électricité les bobines du rotor pour qu’elles agissent exactement comme des aimants permanents :

schema moteur rotor bobine

On peut voir sur cette illustration que les bobines du rotor simulent le comportement de plusieurs aimants permanents.

Le problème, c’est que le moteur synchrone à rotor bobiné est alimenté en courant alternatif. Or les bobines du rotor doivent être alimentées en courant continu, pour qu’elles puissent se conduire comme des aimants permanents.

En effet, à chaque inversion du courant, leur polarité change. Et c’est exactement ce qu’on veut éviter.

Pour combler ce problème, on met alors des balais entre le rotor et le stator.

Leur mission : transformer le courant alternatif du stator en courant continu dans le rotor. Mais en contrepartie, ils font payer leur présence par des frottements qui diminuent l’efficacité du moteur.

Quels sont les avantages du moteur synchrone à rotor bobiné ?

Comme son prédécesseur brushless, le moteur synchrone à rotor bobiné présente de nombreuses qualités :

  • Il affiche le meilleur rendement des moteurs synchrones à hautes vitesses ;
  • Il ne nécessite aucune terre rare – il n’est constitué d’aucun aimant permanent ;
  • Aussi, il est entièrement maîtrisé par Renault, ce qui paraît anecdotique mais qui est immense dans une logique de souveraineté industrielle ;
  • Et sa puissance spécifique est plus qu’acceptable, car elle est d’environ 2 kW/kg.

Quels sont les inconvénients du moteur synchrone à rotor bobiné ?

En revanche, ce moteur a quelques faiblesses :

  • Son rendement est inférieur à celui des moteurs à aimants permanents sur les faibles régimes ;
  • Il nécessite une plus grande quantité de cuivre, qu’il faut bien approvisionner ;
  • Sa puissance spécifique est assez loin des meilleurs moteurs synchrones ;
  • Il n’est pas disponible sur étagère ;
  • Et il est plus complexe à construire que les autres moteurs électriques, notamment à cause du rotor bobiné.

Quels sont les véhicules équipés d’un moteur synchrone à rotor bobiné ?

  • La Renault Zoé (toutes générations),
  • La Renault Kangoo E-Tech
  • Ainsi que la Renault Fluence Z.E.

Autrement dit, quand on choisit le moteur à rotor bobiné, on le fait par choix.

On choisit consciemment ses défauts pour magnifier ses qualités. Et ça me parle beaucoup, car ça me semble être l’éloge d’une sobriété qui fait défaut à beaucoup de véhicules électriques.

Si vous voulez en savoir plus au sujet du moteur synchrone à rotor bobiné, j’ai rédigé un article sur celui qu’on retrouve dans la Renault Zoé. J’y ai clamé toute mon admiration pour ce travail que je trouve très pertinent de la part du constructeur français.

Mais si j’aime ce moteur essentiellement parce qu’il nous permet de nous affranchir des aimants permanents, ce n’est pas le seul moteur synchrone triphasé à présenter cette qualité.

Il y a aussi le moteur à réluctance variable, avec lequel mon cœur balance.

Le moteur à réluctance variable

Lui, c’est un moteur qui a sans aucun doute beaucoup d’avenir.

Car comme son cousin synchrone à rotor bobiné, il ne nécessite aucun aimant permanent. Dans une période d’escalade des tensions sur les approvisionnements, ça fait donc de lui un moteur très prometteur.

Seul problème : ce moteur n’équipe aucun véhicule électrique à ma connaissance.

Mais ça ne saurait tarder !

Comment fonctionne le moteur à réluctance variable ?

Le fonctionnement du moteur à réluctance variable est original car, contrairement aux autres moteurs synchrones, ce n’est pas la force magnétique entre 2 aimants qui le met en mouvement. C’est son couple de réluctance, qui lui a manifestement donné son nom.

Le mécanisme qui se cache derrière ce couple de réluctance est très intéressant.

Il consiste à remarquer qu’un flux magnétique généré par un aimant ou un électroaimant voudra absolument rester aussi pur que possible. C’est-à-dire qu’il se déformera quand il rencontrera des obstacles, ce qui lui vaudra de déplacer des montagnes pour éviter ces obstacles.

Dans son cas, l’obstacle est le matériau non conducteur ou peu conducteur.

Et la force qui l’amènera à déplacer des montagnes pour éviter cet obstacle est justement le couple de réluctance.

Pourquoi ça ?

Très simple : imaginons qu’on fabrique un rotor en métal conducteur.

Mais imaginons que ce rotor soit parcouru de cavités remplies d’air. Si on met ce rotor dans le stator et qu’on allume les électroaimants du stator, alors ces derniers génèreront un champ magnétique.

Or les flux de ce champ magnétique traverseront le rotor, et ils rencontreront nécessairement les cavités du rotor. N’aimant pas ces cavités, un phénomène de couple de réluctance interviendra pour mettre le rotor en rotation.

L’objectif : trouver la position du rotor optimale pour que le flux magnétique ne soit pas gêné par les cavités.

Il suffit alors de répéter l’opération plusieurs fois, et le rotor tournera sur lui-même entraîné par le couple de réluctance généré par le champ magnétique du stator.

Sublime, non ?

schema moteur reluctance variable

On voit ici une illustration du principe de fonctionnement du moteur à réluctance variable.

C’est impressionnant à observer de nos propres yeux, car on a l’impression que le rotor tourne par magie puisqu’il ne possède aucun aimant permanent pour l’entraîner en rotation.

Quels sont les avantages du moteur à réluctance variable ?

Les forces du moteur à réluctance variable sans aimant permanent ne sont pas pléthores puisque je n’en vois que deux.

Mais elles sont extrêmement importantes dans le cadre d’un moteur électrique :

  • Il affiche une excellente puissance spécifique (supérieure à 3 kW/kg) ;
  • Il n’a aucun aimant permanents et donc ne nécessite aucune terre rare ;

Quels sont les inconvénients du moteur à réluctance variable ?

En revanche, ce moteur a quelques défauts :

  • Il a un moins bon rendement que les moteurs à aimants permanents ;
  • Il n’équipe aujourd’hui aucun véhicule électrique de premier rang ;
  • Son rotor est assez complexe à construire car il nécessite plus de cavités que celles qu’on peut voir sur mon illustration.

Quels sont les véhicules équipés d’un moteur à réluctance variable ?

  • Aucun à ma connaissance.

Le moteur à réluctance variable est encore un peu jeune.

Mais ses deux qualités principales sont certainement les plus importantes qu’on peut trouver en mobilité électrique : il est puissant et sa fabrication ne nécessite pas d’aimants permanents.

Il risque donc de faire son apparition très prochainement dans de nombreux véhicules électriques. D’autant que son grand frère, le moteur à réluctance à aimants permanents, est en train de défricher le terrain à une vitesse hallucinante.

Mais il faut dire que ce grand frère est exceptionnel.

Et vous allez vite comprendre pourquoi.

Le moteur à réluctance à aimants permanents

Le moteur à réluctance à aimants permanents est une copie quasiment conforme du moteur à réluctance variable. Mais il diffère par les aimants permanents qu’on a insérés dans le rotor, qui permettent de le rendre plus puissant et plus efficace énergétiquement.

C’est sûrement pour cette raison qu’aujourd’hui, c’est lui qu’on retrouve dans les meilleurs véhicules électriques du marché. Dont les sempiternelles Tesla, toujours à l’affût des bons plans.

Comment fonctionne un moteur à réluctance à aimants permanents ?

Le fonctionnement du moteur à réluctance à aimants permanents reprend le principe de fonctionnement du moteur à réluctance variable, en le rendant encore meilleur.

En effet, plutôt que de laisser les cavités du rotor vides, on y insère des aimants permanents.

Leur premier intérêt, c’est que leur présence ne change pas le mécanisme de couple de réluctance qui apparaît lorsque le champ magnétique tente d’éviter les obstacles. Car ils sont eux-mêmes des obstacles. En les ajoutant dans les cavités, on conserve donc le mécanisme du moteur à réluctance.

Mais on ajoute un autre mécanisme, sur lequel tous les autres moteurs s’appuient : les aimants permanents. Ils génèrent eux aussi un couple à cause du champ magnétique tournant. Si bien que dans le moteur à réluctance à aimants permanents, la rotation est générée par deux forces :

  • Le couple de réluctance ;
  • Et la force d’attraction magnétique.

On ne s’étonnera alors pas qu’ils soient les meilleurs, puisqu’ils additionnent 2 forces génératrices de mouvement.

schema moteur reluctance aimants permanents

Sur l’illustration ci-dessus, on peut voir le principe de fonctionnement du moteur à réluctance à aimants permanents.

Notons néanmoins que l’ajout d’aimants permanents apporte aussi quelques contraintes.

Par exemple, ils génèrent ce qu’on appelle une force contre-électromotrice, qui réduit le rendement du moteur s’ils sont placés trop proches des bobines du stator. Il faut donc les enterrer profondément dans le rotor.

Et des courants induits par le champ magnétique du stator peuvent circuler dans les aimants permanents, comme dans un moteur à induction. Ce qui leur vaut de chauffer, et de réduire aussi le rendement.

Chaque constructeur traite alors ces sujets comme il le peut.

Quels sont les avantages du moteur à réluctance à aimants permanents ?

Etant donné que c’est certainement le meilleur moteur électrique du marché de la mobilité électrique, le moteur à réluctance à aimants permanents possède de nombreuses qualités :

  • Sa puissance spécifique est quasiment imbattable, jusqu’à 10 kW/kg ;
  • Son rendement est le meilleur sur une large gamme de vitesses ;
  • Il équipe avec succès de nombreuses voitures électriques – sa fabrication a donc un débit industriel est maîtrisée.

Quels sont les inconvénients du moteur à réluctance à aimants permanents ?

Mais il n’est pas exempt de tout reproche :

  • On le trouve aujourd’hui difficilement sur étagère ;
  • Son rendement n’est pas le meilleur lorsque la demande en couple est faible ;
  • Et malgré toutes les conséquences environnementales et d’approvisionnement que l’on connaît, il est garni d’aimants permanents.

Quels sont les véhicules équipés d’un moteur à réluctance à aimants permanents ?

Le moteur à réluctance à aimants permanents a conquis le marché des voitures électriques avec une vitesse incroyable. Si bien qu’aujourd’hui, les meilleures voitures électriques ont quasiment toutes opté pour ce moteur :

  • Tous les modèles Tesla (S, 3, X, Y) depuis 2018 ;
  • La Jaguar I-Pace 2019 ;
  • La Nissan Leaf 2019 et 2012 ;
  • La Toyota Prius 2017 ;
  • Et la BMW i3 2019 ;

Le moteur à réluctance à aimants permanents est donc un moteur extrêmement compétitif, dont le seul défaut réside dans les aimants permanents qui le composent. C’est un défaut d’aujourd’hui, mais il n’est pas à exclure qu’un jour, la présence de ces aimants ne soit plus si problématique.

J’ai traité de ce sujet dans l’article où j’ai décortiqué les moteurs de Tesla, où je parle évidemment du moteur à réluctance à aimants permanents plus en détails. Vous pouvez le retrouver en cliquant ici.

En conclusion : j’ai fait mon choix, à vous de faire le vôtre

Après avoir étudié tous les moteurs synchrones disponibles sur le marché de la mobilité électrique, il me semble qu’une leçon se détache : aucun moteur n’écrase les autres.

Alors certes, le moteur à réluctance à aimants permanents est le plus performant.

Mais on ne met pas toujours les performances en première position, surtout lorsqu’on est amenés à choisir le moteur électrique qui équipera un véhicule électrique.

On peut par exemple considérer qu’on veut le moteur le plus accessible, ce qui nous amène à choisir le moteur brushless.

Ou alors, on peut se dire que les véhicules électriques ne sont pertinents que s’ils sont écologiquement exemplaires.

Si on veut que la mobilité soit un droit universel, on doit faire l’exercice de rendre la conception de notre véhicule aussi universelle que possible. Pour ça, l’exigence écologique est absolument nécessaire afin d’éviter tous les angles morts et les effets rebonds.

On comprend alors que les performances et le prix ne peuvent plus être les seuls critères impérieux.

Mieux encore, on comprend que le vrai critère impérieux est celui de l’impact environnemental et de notre capacité à produire les moteurs en temps de pénurie sur les approvisionnements.

À ce jeu, les grands gagnants sont les deux moteurs synchrones dont l’impact environnemental est le plus mesuré :

  • le moteur synchrone à rotor bobiné,
  • et le moteur à réluctance variable.

Ma boule de cristal me dit donc qu’ils risquent de faire leur chemin et d’en surprendre plus d’un.

Mais pour qu’ils parviennent au sommet, on va devoir revoir notre définition de la mobilité.

Nous allons devoir remettre un peu de sobriété dans notre manière de la concevoir. J’y travaille au quotidien, avec la conception de notre moto électrique. Car je crois que la moto électrique a son rôle à jouer dans la mobilité sobre de demain.

Si vous y croyez autant que moi ou que le sujet vous intrigue, j’ai ce qu’il vous faut.

J’écris un journal de bord quotidien dans lequel je rassemble mes réflexions et mes découvertes sur la mobilité électrique et en particulier sur les motos électriques.

Pour le recevoir, il vous suffit de laisser votre adresse e-mail ici. Vous verrez, c’est une aventure passionnante :

Découvrez le coulisses de l’industrie de la mobilité électrique

Inscrivez-vous à mon journal de bord pour comprendre comment sont conçus les véhicules électriques du marché — et découvrez un savoir-faire jusqu’à présent réservé aux grands constructeurs traditionnels.

+2 000 ingénieurs, concepteurs & passionnés inscrits.

⚠️ Ne vous attendez pas à une revue consensuelle des différents modèles véhicules électriques. Dans ce journal de bord, j’aborde frontalement les enjeux de production industrielle, les problèmes de tension sur les ressources naturelles, et l’impact des véhicules sur le climat.

On se retrouve de l’autre côté !

Avatar de Julien Vaïssette

Si vous ne trouvez pas les réponses à vos questions…

Mon adresse e-mail est publique, et vous pouvez m’écrire à tout moment. La voici : julien@construire-sa-moto-electrique.org. Vous pouvez également me contacter via ce formulaire.

8 commentaires

  1. Zetura

    Comment parler de moteurs électriques, dont ceux à reluctance variable, et ignorer que Tesla équipe ses véhicules avec juste ces moteurs ?
    Sinon excellent article et merci pour ces explications et différences 😉

  2. Jerome BERNARDIN

    bonjour Julien
    je vous ai trouvé par hasard en cherchant les différences entre synchrone et asynchrone,et je dois dire que je suis très content de toutes vos explications,elles sont agréables à lire et à mon niveau,sans trop de termes savants…
    j’ai relu plusieurs fois cet article sur les moteurs synchrone à rotor bobiné, à aimant permanent, à reluctance variable…etc pour bien comprendre les différences,car j’avais un peu de mal à différencier l’induction et la reluctance…dites moi si je me trompes ,le champ magnétique du stator est le même dans tous les cas,il tourne grâce à l’alimentation triphasé … mais la rotation du rotor dans le cas de la reluctance variable est juste due à ce phénomène de perturbations d’ondes électromagnétiques en recherchent d’équilibre ?
    notion difficile à intégrer

  3. Me revoila, (oui alors si tu vois ce commentaire en premier tu ne comprendras pas, mais j’en ai laissé un plus tôt aujourd’hui). Merci Beaucoup pour toutes ces explications très utiles!

    Dernièrement j’ai suivi les progrès de Rolls Royce en matière d’aviation avec leur Spirit Innovation qui est pourvu de deux moteurs électriques synchrone à flux axial … Et tu n’as pas abordé (sauf si j’ai loupé un truc) les différences entre les moteurs à flux radial et à flux axial, je me demandais donc si un article était en prévision car j’avoue que c’est quelque chose qui à l’air assez important mais que je ne comprends pas forcément…

    En tout cas c’est du très bon boulot , merci énormément !

    • Julien Vaïssette

      Salut Simon,
      J’ai à peine effleuré le sujet dans l’article sur les moteurs brushless, mais je n’en ai pas dit plus.
      Disons que le moteur à flux axial a des avantages assez conséquents, mais je crois aussi qu’ils en font tout un foin pour des raisons de positionnement marketing : ils sont ultra innovants, blablabla 😉

Donnez votre avis en un clic