Julien Vaïssette
Fanatique d'Excel, adepte de Camus & ingénieur en mécanique — Suivez-moi sur sur LinkedIn.
La Evoke Urban Classic est la moto électrique urbaine que j’aime le moins. Mais elle reste sérieuse.
Tout au long de votre lecture, gardez en tête que mon adresse e-mail est publique, et que vous pouvez m’écrire à tout moment. La voici : julien@construire-sa-moto-electrique.org. Vous pouvez aussi me contacter directement sur LinkedIn.
Face à la Evoke Urban Classic, tout comme face à la multitude de nouveaux modèles de motos électriques, choisir sa prochaine moto est devenu un casse-tête terrible.
J’ai donc décidé de lister toutes les motos électriques de plus de 11 kW dans un article et de les classer. Pour y parvenir, j’ai dû toutes les analyser, et leur donner une note selon des critères aussi objectifs que possible.
La Urban Classic est donc passée à la moulinette.
Voici ce que j’en ai tiré.
Sur l’axe des performances, la Urban Classic d’Evoke Motorcycles n’offre rien de très impressionnant.
Sa vitesse maximale est trop faible pour être amenée sur autoroute, son accélération est modeste (avec un temps de passage de 0 à 100 en 6 secondes) et son autonomie n’offre pas assez de garanties pour rouler en dehors de la ville.
Mais justement, ce n’est pas son combat.
Elle, c’est la ville. Et son nom ne laisse aucun doute sur ça.
Si bien qu’en ville, elle sera plus que parfaite.
Si son accélération est modeste, ça reste très raisonnable dans un usage urbain. Son autonomie de 200 km correspond à plusieurs voyages domicile-travail, ce qui est largement assez. Et son empattement court lui permet d’offrir une maniabilité optimale dans les bouchons.
Seule erreur de goût : son angle de chasse (celui que j’ai mesuré sur les images en tout cas) est relativement généreux pour une citadine.
J’imagine qu’ils ont opté pour une telle valeur dans l’optique d’augmenter un peu la polyvalence de la Evoke Urban Classic, afin qu’elle puisse se comporter convenablement sur nationales. C’est la philosophie roadster, ça fait sens.
Enfin, même si ce n’est pas forcément primordial pour une moto citadine qu’on peut brancher à la maison pendant toute la nuit, le temps de recharge de la Urban Classic est assez court : elle se remplit de 80% en 90 minutes.
Ça permet donc d’envisager des virées le week-end avec une pause recharge au restaurant.
Ça n’est pas son propos, mais elle en sera capable.
La note qu’elle obtient en comparant ses performances avec celles de la concurrence : 2,90/5.
Pour le design, c’est très cohérent : la Evoke Urban Classic est un roadster comme on en voit tous les jours.
Légèrement ennuyeux, très consensuel, mais efficace. Je note néanmoins la courbe du faux réservoir, assez agressive. Et même si je ne suis pas client du design de roadster, je le salue.
En revanche, la présentation de la moto sur le site est complètement surréaliste.
Sur la page produit, on ne la voit quasiment pas. Et si on veut la voir en détail, on doit aller sur le « shop », où les seules images sont des photos prises sur une sorte de parking résidentiel.
Légendaire.
La note que j’inflige à son esthétique (la faute aux photos du site, tant pis pour eux) : 2/5.
L’usage de la Urban Classic se concentre sur les villes.
Et je m’en réjouis.
D’abord, car je trouve que les motos électriques, dans l’état actuel des choses, sont bien plus pertinentes en ville qu’ailleurs. Car dans nos environnements urbains, ses qualités (silence et aucune émission) sont vivement appréciées, et ses défauts (autonomie faible) sont relativisés.
Chapeau donc à Evoke Motorcycles qui a osé se fermer des portes en limitant l’usage de sa moto aux villes, grâce à un empattement court et un poids raisonnable.
Ils n’ont pour autant pas résisté à lui donner un peu de polyvalence pour qu’elle puisse rouler sur nationale. Mais pour une moto orientée vers le permis A2, ce n’est pas si bête.
En parlant du permis A2, la cible de la Urban Classic est très claire : les jeunes motards urbains.
Et si on ne s’intéresse qu’à la France, ces jeunes motards urbains qui n’ont pas forcément les moyens d’investir dans une Zero Motorcycles ont en grande partie le permis A2, suffisant pour leurs besoins.
Et avec ses 19 kW, la Urban Classic est parfaitement accessible aux titulaires de ce permis.
Sur ce point aussi, c’est très malin.
La note de la pertinence de son usage : 3/5.
La Urban Classic se vend au 8 499 $ (7 284 € au cours du 28/09/2020).
C’est très faible comparé aux autres motos équivalentes. Par exemple, le modèle le plus proche de la Urban Classic est sans doute la Zero S (équivalente 125 par ailleurs) qui se vend 5 500 € plus cher.
Soit presque deux fois plus, pour des caractéristiques très comparables. Autant dire que c’est un très gros coup de force de la part du constructeur chinois.
La note de son prix en comparaison avec celui des autres motos électriques urbaines : 4,76/5.
Je ne vais pas m’attarder sur ce point.
Pour deux raisons.
D’abord, on n’attend pas des constructeurs chinois low cost de respecter l’environnement. C’est triste, c’est regrettable, mais c’est le jeu. Leur seul objectif est de vendre moins cher, ils le font, bravo à eux.
La deuxième raison, c’est que d’un point de vue environnemental, la Chine est en retard de 20 ans sur l’Europe.
Les terres rares qui équipent les moteurs brushless et qui font tant de bruit médiatique (à juste titre) viennent de chez eux, comme les cellules de batteries lithium-ion.
Alors voilà, pas de quoi être surpris de constater qu’ils utilisent un moteur pas exemplaire du tout et une batterie lithium-ion dotée d’une chimie au nickel manganèse cobalt (précisément la chimie qui présente le pire impact environnemental).
La note que j’aurais aimé plus basse pour les punir encore plus mais il faut être loyal : 2/5.
Avec une moyenne générale de 2,93/5, ce n’est pas la joie.
Pour conclure sur cette moto, il faut reconnaître que les ingénieurs d’Evoke Motorcycles ont identifié un besoin et un public précis, et qu’ils y ont répondu de manière très performante.
Ils s’adressent en effet aux motards urbains qui n’ont pas énormément de moyens. C’est aussi ce que fait la Urban S, avec laquelle elle a beaucoup en commun.
Note : l’autre modèle de Evoke, la 6061, est plutôt une routière.
Leur réponse est simple : la Urban Classic est une moto de ville, éligible permis A2, à un prix imbattable.
Le reste, c’est du blabla.
Ils sont dans l’efficacité. Je salue ça, même si j’aurais apprécié une plus grande prise en compte de l’impact environnemental.
Mais business is business.
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