L’improbable Ösa+ de Cake, une équivalente 125 au design en rupture

La Ösa+ est la version 125 de l’improbable Ösa de Cake. Improbable, je crois que ça la décrit parfaitement.

Julien Vaïssette

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cake osa +

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La Cake Ösa+ est une moto qui a l’ambition de réinventer la mobilité électrique, à la fois sur le bitume quotidien et sur la terre des sentiers.

Je suis assez sensible à ce qu’elle propose, mais je ne peux que constater qu’au milieu des autres équivalentes 125 du marché, elle ressemble à un ovni. Tant par son design que par ses caractéristiques techniques, elle dénote.

Peut-être un peu trop ?

Seul l’avenir nous le dira.

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Les performances de la Ösa+ de Cake

  • Puissance moteur : 10 kW
  • Couple moteur : 42 Nm
  • Couple dans la roue : 151 Nm
  • Vitesse maximale : 90 km/h
  • Capacité batterie : 2,5 kWh
  • Temps de recharge : 3 heures (0-100%)
  • Autonomie : 84 km en ville, 36 km à 70 km/h
  • Poids : 89 kg
  • Empattement : 1340 mm
  • Angle de chasse : Non communiqué 

La Ösa+ de Cake est la version 125 d’une improbable équivalente 50cc, nommée Ösa Lite.

Et comme sa petite sœur, elle est l’éloge de la sobriété.

Si vous ne me croyez pas, il vous suffit de regarder les performances affichées sur sa page de vente : son moteur est annoncé à 10 kW de puissance (nominale ? maximale ? nul ne sait), son couple dans la roue est modeste (151 Nm) et sa vitesse maximale l’est autant (90 km/h).

Mais en même temps, rien de tout ça n’est affligeant.

Car avec 151 Nm dans la roue, il y a de quoi accélérer avec gourmandise. Et si la moto est limitée à 90 km/h, il y a fort à parier qu’avec ses 10 kW, le moteur ne soit pas du tout poussif.

D’autant qu’en plus de ne pas être équipée avec un moteur affligeant, la Cake Ösa+ se targue de ne peser que 89 kg. C’est infiniment léger pour une équivalente 125, et ça lui assure une réactivité non égalée dans cette catégorie (si on exclut les fausses équivalentes 125).

En revanche, il y a un endroit où la Ösa+ est très inférieure aux autres équivalentes 125.

C’est son autonomie, de seulement 84 km en ville et 36 km dès qu’on décide de sortir de la ville. Ce qui veut dire que la Ösa+ ne peut être utilisée que dans des conditions de navettages quotidiens courts, ou en vacances pour aller acheter du pain dans le Pays basque.

Mais on devait s’y attendre.

Car quand une moto électrique ne pèse que 89 kg, c’est qu’on a sacrifié sa batterie. Et la Ösa+ ne fait pas exception : avec ses 2,5 kWh, elle fait partie des plus petites batteries de la catégorie des équivalentes 125.

On ne peut donc pas espérer mieux que quelques dizaines de kilomètres d’autonomie. 

Ça fait partie du contrat qu’on signe quand on s’achète une Ösa+. Il suffit alors de le savoir, et de s’assurer que l’usage qu’on va en faire se satisfera de cette faible autonomie.

Pour autant, j’aime beaucoup cette philosophie de sobriété.

Elle représente très bien l’image que je me fais de la mobilité de demain, où on acceptera d’acheter un véhicule qui répond à notre usage, et non pas à un usage choisi par un publicitaire génial. Cette sobriété est d’ailleurs parfaitement illustrée par le nombre extrêmement faible de composants qu’on retrouve dans cette moto.

Elle n’est équipée que du nécessaire : une batterie, un moteur, un contrôleur, un cadre, une direction et des roues.

Mais j’ai quand même un reproche à lui faire.

C’est qu’il est parfaitement pardonnable d’avoir une batterie de faible capacité, si elle se recharge vite. Hélas, ce n’est pas son cas : elle se recharge en 3 heures. Une recharge de 2,5 kWh en 3 heures, c’est quand même très peu ambitieux de la part de Cake.

À titre de comparaison, si la Alrendo se chargeait aussi lentement, sa recharge prendrait 18 heures. 18 heures ! 

Je me demande donc pourquoi Cake n’a pas installé un chargeur embarqué de 2,5 kW sur sa moto. On aurait pu la recharger en une heure, et son autonomie modeste n’aurait pas du tout été un problème. 

Mais c’est ainsi. 

J’imagine qu’ils ont fait ça pour des raisons économiques. Je le comprends, mais il me semble que ça lui fait un défaut un peu trop gros à accepter si on veut l’utiliser dans un usage quotidien.

Le design de la Cake Ösa+, son atout ?

Si vous roulez en Ösa+, vous pouvez être sûrs que tous les passants vont se retourner sur votre passage. Et pour cause : le look de la Ösa+ relève du jamais vu. Son design est parfaitement improbable.

En effet, sa poutre principale bleue, son cadre double berceau en tubes blancs obèses, ses roues naines et son phare maritime sont autant de lignes que nous n’avons jamais vues par ailleurs.

Je trouve ça très malin.

Car pour une moto électrique qui a l’ambition de dessiner un futur alternatif de la mobilité, la moindre des choses est d’être reconnaissable. Et elle l’est, sans aucun doute.

Son seul défaut, c’est qu’on ne sait pas trop sur quel pied danser quand on la voit.

Elle est si nouvelle qu’on se demande si c’est une sorte de scooter dénudé, ou une motocyclette façon Honda Dax revisitée. C’est un défaut, car la conséquence directe est que son look ne dit rien de sa puissance. Quand on la voit, on parierait plus sur une petite 50 que sur une 125.

Mais voilà, ne nous faisons pas de nœuds au cerveau : la Cake Ösa+ est dessinée pour bouleverser les codes.

Alors acceptons son design tel qu’il est, qu’on soit sensible ou non à cette tentative. Et quoi qu’il en soit, on ne pourra pas lui enlever qu’elle en impose plus qu’une moto chinoise Aliexpress.

Un usage de citadin 

Je sais que la Cake Ösa+ est pensée pour répondre aussi bien à un usage urbain que tout-terrain. 

Pour l’usage urbain, je comprends très bien l’idée : elle est courte – ce qui lui vaut d’être habile, elle est légère – ce qui lui vaut d’être réactive, et son autonomie ridicule n’est en aucun cas un problème tant qu’on ne s’éloigne pas trop de chez soi.

Mais pour l’usage tout-terrain, je comprends moins.

Quel est l’intérêt de rouler sur les chemins de terre avec une moto qui ne peut rouler que quelques dizaines de kilomètres ?

D’autant que de ce que j’en comprends, l’idée est d’aller camper avec cette moto, puisque Cake propose des accessoires en lien avec le camping et la pêche.

Ou alors, il faut que ça soit proche d’une ville pour éviter la panne sèche. Ou à proximité d’un pick-up à essence, dans lequel on a veillé à prendre un groupe électrogène. Ce qui fait réfléchir à deux fois.

Je ne sais donc pas trop quoi penser du discours de Cake sur l’usage tout-terrain de la Ösa+.

Alors je vais me contenter de vanter sa pertinence en ville, tant que les trajets ne sont pas trop longs. Surtout que je ne l’ai pas mentionné, mais si la batterie recharge lentement, elle a quand même une très belle qualité : elle est amovible.

On peut donc parfaitement imaginer utiliser la Ösa+ pour se rendre au travail et la faire recharger pendant la journée, posée sur le bureau. Un très bon point pour un usage de navettage urbain donc.

La Cake Ösa+ ne coûte pas si cher pour une moto européenne

Ici, il y a de quoi être étonné : la Ösa+ de Cake ne coûte « que » 10 000 €.

Quand on sait que Cake fabrique ses motos en Suède, on se dit que c’est un prix très raisonnable. En effet, 10 000 € pour une moto qui développe 10 kW, seuls les fabricants chinois y parviennent généralement.

C’est donc un très beau score.

L’explication de ce prix est très simple : la Ösa+ est équipée d’une des plus petites batteries du marché des équivalentes 125. Mais si la petitesse de cette batterie permet de tirer le prix vers le bas sans renier les exigences sociales et environnementales de fabrication, j’applaudis.

Néanmoins, il est bon de garder les pieds sur terre. 

10 000 € pour une moto, aussi électrique soit-elle, ça reste un prix conséquent. On ne peut donc pas encore s’en satisfaire. Mais j’ai confiance. Les prix vont baisser, petit à petit, pour rendre les motos électriques accessibles à tout un chacun.

La meilleure empreinte environnementale du marché

  • Technologie du moteur : Moteur à aimants permanents
  • Technologie de la batterie : Lithium-ion (cellules 21700)
  • Caractéristiques de la batterie : La batterie est petite et amovible
  • Fabrication : Cake fabrique ses motos en Suède

Ici, je dois m’incliner.

Car même si Cake utilise un moteur garni de terres rares et une batterie lithium-ion au cobalt sur sa Ösa+, le constructeur suédois est le meilleur élève du marché. Et je vais vous le prouver en 3 points.

(1) Il construit en effet ses motos en Suède, ce qui lui vaut de réduire drastiquement l’impact écologique de la fabrication de ses motos.

(2) Il achète ses batteries (ou du moins il va le faire prochainement) chez Northvolt, un fabricant suédois de cellules de batteries. Et il a décidé d’utiliser des batteries de faible capacité, ce qui baisse forcément l’impact de leur fabrication.

(3) Et ses batteries sont amovibles. Ce qui veut dire que quand elles ne fonctionnent plus ou qu’elles fonctionnent mal, il suffit de les remplacer. On n’a donc plus besoin de mettre à la benne une moto parfaitement fonctionnelle.

Evidemment, ce n’est pas encore parfait. Mais vraiment, ce sont les meilleurs élèves du marché. Alors il est bon de les féliciter pour ça.

En résumé : je préfère quand même la Kalk

Nous l’aurons vu tout au long de cet article, je pense que la Ösa+ est une très bonne moto électrique.

Improbable, certes, mais très bonne.

Pour autant, la Ösa+ n’est pas la seule équivalente 125 de Cake. Et si je lui trouve beaucoup de qualités, je trouve aussi que son design est un peu trop en rupture. Alors que l’autre équivalente 125 de Cake, la Kalk, possède les mêmes qualités mais présente un design que je préfère.

Si vous avez été convaincus par la Ösa+, je vous conseille quand même d’aller jeter un œil à la Kalk, pour vérifier que c’est bien celle-là que vous voulez acheter.

Et si la fabrication Suédoise ne vous satisfait pas encore, alors je vous invite à suivre mon journal de bord.

J’y raconte la conception de mon premier prototype de moto électrique qui, comme la Ösa+, sera certainement une équivalente 125. Et qui comme, comme la Ösa+, sera particulièrement exigeante sur le plan environnemental.

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