Et si la Luna de Tarform était l’une des meilleures motos électriques du marché ?

La Tarform Luna est une moto électrique polyvalente qui s’adresse aux urbains. Et elle le fait très bien.

Julien Vaïssette

Fanatique d'Excel, adepte de Camus & ingénieur en mécanique — Suivez-moi sur sur LinkedIn.

Luna Tarform moto electrique puissante

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Les motos électriques sont des motos très récentes. Si bien que contrairement aux motos thermiques, les constructeurs installés de longue date sont peu nombreux. La preuve avec Tarform, et leur nouveau modèle Luna.

Mais c’est aussi ce qui permet à de jeunes constructeurs comme eux d’avoir une carte à jouer. Par contre, ça rend le choix de notre moto électrique d’autant plus difficile.

Pour m’y retrouver, j’ai donc classé toutes les motos électriques puissantes dans un article que vous pouvez retrouver ici.

J’y ai analysé et noté toutes les motos électriques disponibles sur le marché. Et bien sûr, la Luna de Tarform n’y a pas échappée.

Les performances de la Tarform Luna sont très pertinentes

  • Puissance moteur : 41 kW (permis A)
  • Couple moteur : Non communiqué
  • Vitesse maximale : 180 km/h
  • Temps de passage de 0 à 100 km/h : 3,8 secondes
  • Capacité batterie : 10 kWh
  • Temps de recharge :  50 minutes pour passer de 0 à 80%
  • Autonomie : 193 km
  • Poids : 200 kg
  • Empattement : 1524 mm
  • Angle de chasse : 25°

La Luna de Tarform m’intrigue beaucoup, car elle ressemble vraiment à la moto électrique que je compte concevoir.

Elle me ferait presque douter de mon ambition, car il serait contre-productif de construire une moto électrique alors qu’une concurrente fait déjà le travail exactement comme on aimerait le faire. 

Mais par chance, elle n’est pas exactement dans les standards que j’aimerais atteindre.

Je vais prendre les choses dans l’ordre. D’abord ce que je trouve pertinent à la lecture de ses caractéristiques techniques, puis ce que je trouve améliorable.

Déjà, la Luna n’est pas une super sportive.

Avec ses 41 kW, elle est même tout à fait modeste. Mais je trouve ça très malin.

Car entre nous, qui a besoin d’une moto qui développe plus de 100 chevaux au quotidien ? Ça consomme comme tout un régiment, et on a toujours peur de se faire surprendre par sa puissance.

La Luna s’adresse donc à la majorité des motards qui utilisent leur moto au quotidien pour aller au travail. Et qu’ils habitent en ville ou à la campagne, la Luna leur apporte juste ce dont ils ont besoin en termes de puissance : de quoi accélérer vite pour doubler, sans non plus cabrer à chaque mouvement de la poignée droite.

D’ailleurs, je m’étonne souvent des vitesses maximales ahurissantes que beaucoup de constructeurs nous promettent.

Ce n’est pas le cas de Tarform qui annonce une vitesse maximale de 180 km/h. C’est déjà beaucoup, il est très rare d’atteindre ces vitesses, donc je ne vois aucune raison de proposer une vitesse de pointe élevée pour une moto du quotidien.

Mais si la Luna ne monte pas si haut dans les vitesses, elle est capable d’accélérer fort.

En effet, avec un passage de 0 à 100 km/h en 3,8 secondes, elle ne nous arrache pas les bras mais elle reste très réactive.

Autrement dit, je trouve que la Luna est très intelligente dans sa mesure.

Elle ne cherche pas impressionner. Elle cherche juste à satisfaire les besoins du motard qui l’enfourche. Et c’est exactement ça une bonne moto. Le but n’est pas et ne sera jamais d’aligner les records.

Elle n’est pourtant pas dénuée de défauts.

Le premier, c’est la puissance.

Je sais bien que viens de dire qu’elle était pertinente, mais je pense qu’ils auraient pu mieux faire.

Car avec 41 kW, il me semble qu’elle est trop proche du permis A2, limité à 35 kW. Ils auraient selon moi dû trancher : soit descendre à 35 kW pour être accessible aux permis A2, soit monter un peu plus, à 45 kW par exemple. 

Ensuite, la géométrie.

La Luna répond à un usage quotidien, nous l’avons compris. Mais je trouve que sa géométrie n’est pas en adéquation avec cette ambition. La faute à son angle de chasse de 25°, qui n’est pas dans la norme des roadsters, et encore moins des motos citadines.

Pourtant, ce sont bien les roadsters (même si je ne les aime pas particulièrement) et les citadines qui répondent le mieux à l’usage quotidien des motards. Avec ses 25° d’angle de chasse, la Luna affiche une inclinaison de la fourche plus grande que celle de la Livewire de Harley, qui se veut plus routière.

C’est très paradoxal. 

Ça envoie un message brouillé : on ne met pas trop de puissance car on n’en a pas besoin au quotidien, mais on opte pour une géométrie presque routière. 

Après avoir constaté cette étrangeté, je doute de ma compréhension de la Luna.

Mais l’autonomie me conforte bien dans ce que j’avais établi avant ça : elle n’est que de 193 km. C’est peu, et ce n’est décidément pas une autonomie de routière.

En somme, la Luna reste une très bonne moto.

Et ses faiblesses me semblent être celles d’une équipe conceptrice qui n’a pas osé affirmer pleinement ses choix.

C’est dommage, mais ça reste du sérieux.

La note des performances de la Luna par rapport aux autres motos électriques polyvalentes : 2,76/5.

Son design est vraiment réussi

La Luna est très belle. Vraiment, sur ce point, ils ont fait fort.

Elle existe en deux versions : la « racer » et la « scrambler ». 

Ils ont donc joué la carte du néo-rétro en recrutant l’esthétique des cafe racers et des scramblers, deux styles légendaires de motos qui se complètent parfaitement (la cafe racer est une moto de ville, la scrambler est un tout-terrain) et qui témoignent d’une philosophie de la rébellion et de la liberté.

Je suis très sensible à ça, et je trouve qu’ils ont asses bien réussi leur coup.

En effet, ils ne sont pas tombés dans le piège du mimétisme bête et méchant, et ils ont adapté les codes de ces motos (nudité, réduction du poids, selle monoplace, réservoir effilé) aux motos électriques.

C’est très bien joué, et c’est parfaitement dans l’air de temps. 

La note de son design : 4,5/5. Meilleure note de la classe !

Un usage brouillé par l’angle de chasse conséquent

Outre le petit couac au niveau de la géométrie, la Luna ne laisse aucun doute sur son usage : c’est un usage mixte à dominance citadine.

L’environnement dans lequel elle se sentira le mieux sera donc l’alliance du périphérique bondé, du boulevard bruyant et de la nationale passante.

Néanmoins, à cause de cet angle de chasse un peu trop généreux, elle sera beaucoup moins maniable dans les petites rues et dans les bouchons qu’une moto citadine qui s’assume. C’est dommage, car il me semble que le public qui sera le plus sensible à cette moto sera en majorité urbain. 

On les pardonne volontiers, mais ça reste une fausse note.

Sa note sur sa capacité à bien répondre à son usage : 3,5/5.

Le prix de la Tarform Luna n’est pas aberrant

La Luna est vendue par Tarform à 24 000 $ dont 500 $ de précommande (soit 20 486 € au cours du 18/10/2020, 427 € de précommande).

C’est un peu cher quand on compare ses caractéristiques à celles de la Eva Ribelle, qui est en tous points plus performante et qui ne coûte que 2 000 € de plus.

Mais on peut trouver principalement deux raisons à cette addition légèrement salée.

La première, c’est que Tarform est un petit nouveau.

Difficile donc de jouer sur des effets de volume, ou d’espérer réduire les prix des différents composants grâce à la confiance des sous-traitants. Ce sont des choses qui mettent du temps à venir.

La deuxième, c’est que Tarform a fait un gros travail sur l’empreinte environnementale de sa moto, et ça a un prix.

On y vient de suite.

Sa note par rapport aux autres motos électriques à usage mixte : 2,7/5.

La meilleure empreinte environnementale de toutes les motos électriques du marché

  • Technologie du moteur : Non communiquée
  • Technologie de la batterie : Lithium-ion
  • Autre : Fibre de lin, aluminium recyclé, cuir biodégradable (car le cuir non biodégradable existe apparemment)

Il y a plus de 2000 ans, Artistore a théorisé le concept d’ethos, qui traduit le caractère et l’éthique d’une personne. Tarform aime ce terme, car ils l’ont placé au centre de leur stratégie de communication en y consacrant une page complète qui exprime leur ethos.

Ils y ont rédigé de très belles phrases, et ont juxtaposé les très belles valeurs. Dont une : le respect de la nature.

La question est donc de savoir si ce ne sont que des mots, ou s’il y a réellement du solide derrière. J’ai cherché, et ce que j’ai trouvé me fait faire la moue. Car oui, ils ont utilisé de la fibre de lin sur leurs carénages, de l’aluminium recyclé et du cuir biodégradable sur leur selle.

C’est vraiment très bien, et je le salue. Ils sont les seuls à avoir fait ces efforts.

Mais il me semble qu’ils auraient pu faire plus sans trop réduire les performances de leur moto.

En effet, ils vantent la recyclabilité de leur moto, mais ils ont utilisé la même batterie que tous leurs concurrents sans jamais préciser si ses matières premières sont recyclées. Et sans non plus préciser la chimie utilisée, ce qui laisse penser qu’ils n’ont pas opté pour la plus écologique (ils en auraient parlé, c’est certain).

Même constat pour le moteur dont ils n’ont même pas évoqué la technologie.

Ils ont donc fait de beaux efforts, il faut le reconnaître.

Mais quel dommage qu’ils ne soient pas allés au bout de leurs convictions. Ça n’aurait pas coûté plus cher, j’en suis sûr.

Sa note pour son effort : 3/5. À nouveau, meilleure de toute la promotion !

En résumé : la Luna de Tarform est prometteuse

Une moyenne générale de 3,29/5 : c’est vraiment bien.


La Luna a failli me convaincre de ne pas concevoir ma moto électrique.

Mais par ses faiblesses, elle me montre que le travail n’est pas encore fait.

Pour autant, c’est une très bonne moto électrique. Certainement une des meilleures sur son segment.

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